Mécène des arts et des sciences, Anne Gruner Schlumberger a soutenu des compositeurs contemporains, tels Roger Blanchard (1919-2011), Erich Itor Kahn (1905-1956), Gérard Grisey (1946-1998).
Afin de continuer à soutenir la création musicale, la Fondation des Treilles crée un prix de résidence de composition dont l’objet est de soutenir la création d’une œuvre musicale pour le concert, la scène ou une œuvre audiovisuelle pour laquelle le candidat est déjà sous contrat avec une structure musicale publique ou privée.
Ce prix est constitué d’une résidence de trois mois au domaine des Treilles (Var), assortie d’un prix d’un montant mensuel de 2.650 €, versé en fonction de la durée du séjour du pensionnaire.
Les candidats
Chaque année, les candidatures sont ouvertes à toutes les nationalités du 1er mai au 1er octobre et le jury se réunit en novembre pour attribuer le prix.
Ne peuvent se présenter que des candidats professionnels dont la musique a déjà été enregistrée ou jouée.
Le projet pour lequel le candidat soumet sa candidature devra faire l’objet d’un contrat d’engagement ou d’une commande en cours avec une institution musicale publique ou privée (maison d’opéra, orchestre, producteur audiovisuel, etc.). Le contrat de commande devra identifier les deux parties, l’œuvre musicale, la rémunération de l’artiste et la date de la première représentation (postérieure à la résidence au domaine des Treilles).
Les candidatures sont reçues via un formulaire en ligne comprenant un CV, la liste des œuvres déjà composées, une présentation du projet. Parallèlement, les candidats doivent envoyer à prix.composition@fondationdestreilles.com :
– au moins deux partitions (au format PDF exclusivement) et les enregistrements correspondants ou les liens vers ces enregistrements, à défaut les fichiers son (au format mp3 ou mp4 exclusivement) ;
– le contrat de commande.
Tous les dossiers sont évalués par le jury, lequel désigne un lauréat.
Pour savoir à quel moment envoyer votre candidature, merci de vous référer aux appels à candidature.
Le lauréat
Le lauréat est reçu au domaine des Treilles pour une durée totale de trois mois, le séjour pouvant éventuellement être fragmenté. La Fondation des Treilles prend en charge ses frais de déplacement, à raison d’un voyage aller/retour depuis son lieu d’habitation. Son hébergement et ses repas sont également assurés par la fondation, ce qui lui permet de se consacrer pleinement à son projet de création.
Il est logé dans la maison de Moussu comprenant une chambre, une cuisine, une salle de bains et le studio de composition.
Le studio de composition est équipé d’un piano droit, d’un clavier, d’une carte son et d’enceintes.
Le lauréat doit apporter son ordinateur personnel.
Le lauréat s’engage à respecter le règlement intérieur de la résidence de composition musicale.
A l’issue de sa résidence, le lauréat est invité à déposer un exemplaire de sa partition à la bibliothèque musicale de la fondation.
Les lauréats au fil des ans
HAROLD NOBEN
Harold Noben est un compositeur belge basé à Bruxelles. Après avoir obtenu son diplôme supérieur de piano au Conservatoire royal de musique de Liège, sa ville natale, il se consacre petit à petit à la composition. Son premier opéra, À l’extrême bord du monde, un opéra de chambre traitant de la fin tragique de Stefan Zweig et sa seconde épouse Lotte, a été créé à la Monnaie, Bruxelles, en octobre 2020. Cet opéra est l’aboutissement de sa résidence de composition à la Chapelle Musicale Reine Elisabeth sous la supervision du compositeur belge Benoît Mernier.
Suite à l’accueil chaleureux réservé à cet opéra, la Monnaie lui commande une oeuvre symphonique, Beyond (un concerto pour orchestre), créée à Bozar à Bruxelles en septembre 2022 sous la direction d’Alain Altinoglu.
Il reçoit les commandes de divers ensembles et orchestres dont, entre autres, la Chapelle Musicale Reine Elisabeth, la Monnaie, l’Orchestre philharmonique royal de Liège, l’octuor de violoncelles Ô-Celli, l’ensemble Musiques Nouvelles…
Il a également collaboré avec les 12 violoncellistes du Berliner Philharmoniker sur leur dernier disque dédié à Piazzolla (Hora Cero, Sony, 2016).
Plusieurs de ses œuvres sont enregistrées sur disque et sont disponibles sur son site internet et sur les plateformes musicales en ligne.
La Monnaie lui a commandé un nouvel opéra qui sera créé en avril 2025 à Bruxelles.
Son quatuor à cordes Quartet from the Portuguese autour de l’œuvre de la poétesse Elisabeth Barrett Browning Sonnets from the Portuguese, a reçu le prix Marcel Hastir de l’Académie Royale de Belgique en novembre 2022.
Son projet
Lors de la Résidence à la Fondation des Treilles, Harold Noben axera tout son travail à la réalisation de son nouvel opéra pour voix, orchestre et petit chœur. Le sujet de celui-ci est une adaptation de Madame Bovary, chef-d’œuvre de Gustave Flaubert, dont le livret est réalisé par l’auteur et metteur en scène Michaël De Cock. Celui-ci en avait fait une adaptation pour le théâtre national flamand ainsi qu’un film réalisé par Jaco Van Dormael lors de la fermeture des théâtres durant la pandémie. Ce film obtiendra le prix “Menzione Speciale, Il Cavallo Di Leonardo Da Vinci” au festival du film de Milan (MIFF).
Loin d’un opéra illustrant simplement et chronologiquement l’œuvre de Flaubert, il s’agira plutôt de rechercher l’intériorité du personnage d’Emma au travers d’une sorte de monologue intérieur de l’héroïne qui, au moment de sa mort imminente, se remémore tous les événements de sa vie qui l’ont menée jusque là. Le point de vue change par rapport au roman, et il s’agit ici de donner chair à cette femme et à son vécu le plus intime par le chant et la musique.
Au-delà de ce monologue intérieur qui nous parviendra par les phrases de Flaubert – celles-ci retraçant à la fois des points de repère de l’histoire d’Emma et son ressenti face à ses désirs, mensonges, ou mépris – l’orchestre aura aussi le rôle de nous donner un aperçu de ce que vit Emma intérieurement et au-delà des mots, levant un coin du voile sur ce qui ne peut se traduire par un langage verbal.
Le fil rouge qu’est ce monologue intérieur reste un défi délicat et de taille puisqu’il s’agit de faire s’exprimer Emma Bovary au XXIème siècle dans une société radicalement différente de celle de Flaubert.
Ainsi, la recherche du langage musical de cet opéra sera à la fois axée sur des moyens expressifs universels touchant aux sentiments complexes et intimes de l’être humain tout en pouvant également utiliser des outils d’écriture qui s’inscrivent dans la musique de notre temps.
TOMÁS BORDALEJO
Prix Sacem « Francis et Mica Salabert » 2022, Tomás Bordalejo est lauréat de la Fondation Banque Populaire, et il a remporté en 2019 le prix de la Tribune des Compositeurs de l’Argentine (TRINAC).
Il arrive en 2005 à Paris afin d’y poursuivre des études supérieures, après 3 ans d’études de Jazz à l’Institut des musiques contemporaines de sa ville natale. Il intègre le conservatoire de Gennevilliers puis le CRR de Paris, le Pôle supérieur de Création Boulogne-Billancourt et l’université Paris IV où il obtiendra un DNSPM et une Licence en musicologie.
Sa rencontre avec le compositeur Bernard Cavanna au sein de l’Académie de Villecroze fut déterminante pour son parcours. Peter Eötvös, Pascal Dusapin, Edith Canat de Chizy, Yan Maresz, Philippe Hersant, et Philippe Manoury l’ont également encouragé à consolider son propre langage marqué par une esthétique originale.
Son travail s’inscrit dans une véritable recherche compositionnelle marquée par un dialogue constant avec les arts, l’architecture, l’urbanisme, ou encore la philosophie.
Chaque pièce témoigne d’une mise en scène de la matière sonore et d’une réflexion nouvelle sur les modes de jeu.
Tomás Bordalejo a notamment collaboré avec les principaux ensembles français (2e2m, Court-cicuit, l’Itinéraire, TM+) ainsi qu’avec des solistes de renommée internationale (Gérard Caussé, Noëmi Schindler, Vincent Lhermet, Michel Portal, David Kadouch, Paul Meyer). Sa musique a été jouée dans des salles prestigieuses comme la Philharmonie de Paris ou encore le Théâtre Colon de Buenos Aires.
2022 a été marqué par la parution de son premier disque monographique intitulé « Fétiches » sous le label Paraty, salué favorablement par la critique.
Son projet
Son projet sera axé autour d’un instrument aux racines profondément méditerranéennes et à l’histoire marquée par la migration: la mandoline.
Entre musique savante et musique traditionnelle, la mandoline porte en elle une histoire riche marquée par la migration et par l’ensemble culturel méditerranéen. Ses caractéristiques hybrides, entre luth, guitare et violon (accord sol-ré-la-mi), en font l’instrument par prédilection de la sérénade florentine du XVIIIe siècle comme de la chanson napolitaine du XIXe. Au XVIIIe, la mandoline est adoptée par la royauté française et les meilleurs mandolinistes italiens s’installent à Paris, marquant ainsi une première migration.
Fin XIXe et début XXe, la mandoline voyage une seconde fois dans les valises des français, italiens et espagnols quittant leur terre pour les Amériques en quête d’un avenir meilleur, emportant avec eux le répertoire de l’Italie du sud : celui de la chanson napolitaine, dont l’influence sera fondamentale pour le Tango argentin ou encore le Choro brésilien.
Lors de son séjour à la Fondation des Treilles il travaillera sur un triptyque autour de la mandoline :
– une pièce pour mandoline seule
– une pièce-installation pour tapisseries tactiles, mandoline et support électronique
– un opéra de chambre où la mandoline jouera un rôle central.