La Fondation des Treilles offre chaque année à un auteur de fiction ou d’essais un lieu privilégié et des moyens lui permettant de réaliser un travail d’écriture destiné à la publication.
Les résidences sont ouvertes à des auteurs confirmés, écrivant ou publiant en langue française ou travaillant dans le domaine de la culture francophone.
Les candidatures sont examinées par un jury de 7 personnes, composé d’universitaires et de critiques et nommé par le conseil d’administration de la Fondation des Treilles, sur la base d’un dossier de demande de résidence.
Les lauréats du concours sont accueillis entre le mois de mars et le mois de novembre (avec une interruption au mois d’août), dans l’une des maisons du domaine des Treilles. Ils disposent de tous les moyens matériels leur permettant de se consacrer entièrement à leur œuvre, en particulier une bibliothèque et des liaisons informatiques. Les repas et le ménage sont assurés par la Fondation.
La résidence est assortie d’un prix d’un montant mensuel de 2 650 euros, versé en fonction de la durée du séjour des pensionnaires.
Les écrivains désirant concourir au Prix de la Résidence d’auteur de la Fondation des Treilles sont invités à lire le règlement intérieur et à remplir le formulaire en ligne.
Pour toute question, merci d’écrire à l’adresse suivante: prix.ecriture@fondationdestreilles.com
Pour savoir à quel moment envoyer votre candidature, merci de vous référer aux appels à candidature.
Les lauréats au fil des ans
Olivier CIECHELSKI
Après des études de Lettres, Olivier Ciechelski réalise, en autodidacte, plusieurs courts-métrages et documentaires dont la plupart seront sélectionnés dans des festivals en France et à l’étranger. Il se tourne alors vers le scénario, officiant d’abord comme lecteur (pour Canal+ notamment), puis scénariste, script-doctor et professeur de dramaturgie en école de cinéma.
Après la parution d’un essai sur Ursula K. Le Guin aux éditions Actu SF, puis d’un premier roman aux éditions du Rouergue en 2023, il décide de se consacrer le plus possible à la littérature.
Son projet
Le Livre des Prodiges, son prochain roman, raconte l’histoire de Nora, jeune femme très croyante qui s’est engagée dans la police dans l’espoir de faire régner la justice et la paix dans les rues de sa ville. Mais un drame vient ébranler sa foi en Dieu comme sa confiance dans la justice des hommes, révélant chez elle une part d’ombre et une puissance insoupçonnées. Le Livre des Prodiges emprunte à la fois au roman noir, au vigilante movie, au fantastique et à la Légende dorée, dans l’espoir de faire se rencontrer l’ultracontemporain et le temps immémorial des mythes et des légendes.
Gaëlle OBIEGLY
Gaëlle Obiégly est écrivaine. Elle est née en 1971. Elle garde de son enfance rurale des souvenirs de solitude et d’ennui. Mais c’est là que sa passion pour la littérature a germé. Son premier livre, un roman, a été publié en janvier 2000 par Gallimard. Depuis, elle a publié onze fictions chez cet éditeur, chez Verticales et chez Christian Bourgois. Elle fut pensionnaire de la Villa Médicis en 2014-2015. Sans valeur est à ce jour son dernier livre publié.
Son projet
“Initialement, l’objet du livre est une rétrospective de l’œuvre d’un artiste qui existe dans la vraie vie. Je travaille à partir de l’existant. Mais c’est un roman.”
Dans cette fiction, les spectateurs sont confrontés à un agencement de salles vides. S’il n’y a rien de visible, l’œuvre se dévoile néanmoins par le biais du langage. Pour le dire autrement, les œuvres sont exposées par un conteur qui les décrit et narre leurs interactions. On visite une exposition dans laquelle les œuvres ne sont pas visibles. Pour autant, elles ne sont pas absentes. Il s’agit de substituer à l’image sa mise en récit. Entièrement racontées par un narrateur, les œuvres qui font la matière de l’exposition deviennent les chapitres d’une histoire qui les dépasse.
Jean-Noël ORENGO
Né en 1975 à Paris, Jean-Noël Orengo a grandi en Seine-Saint-Denis. Après sa période de service militaire et des études sans lendemain en philosophie et en architecture, il va d’un petit boulot à l’autre, notamment dans le milieu de l’art. Un travail plus stable à Bibliothèque nationale de France lui permet d’effectuer de nombreux séjours en Asie du Sud-Est, la région du monde qu’il préfère, avec l’Italie et le pays niçois. Il commence à publier ses premiers textes dans des revues de poésie à la fin des années 1990. Il abandonne tout emploi salarié en 2012, seule solution trouvée pour finir coûte que coûte son premier roman. Publié en 2015 chez Grasset, La Fleur du Capital remporte le prix de Flore et la bourse découverte de la fondation Prince Pierre de Monaco. Grâce à l’indéfectible soutien d’Olivier Nora, directeur des éditions Grasset, il publie L’Opium du ciel en 2017, Les Jungles rouges en 2019, Femmes sur blanc en 2023. Il est par ailleurs l’auteur aux éditions Les Cahiers dessinés de Vivre en peinture, une monographie du peintre Jean Raine. En août 2024, paraît chez Grasset Vous êtes l’amour malheureux du Führer.
Son projet
Paris et le Néant : Le narrateur se fait appeler Noël Stavisky. Toujours vivant, il prétend être né en 1914 à Paris, de deux mères italiennes de confession juive. En 1937, il serait devenu le secrétaire particulier d’Alberto Giacometti et de Samuel Beckett, lesquels viennent à peine de se rencontrer. Son engagement à plein temps se serait fait de façon si confidentielle qu’aucun biographe n’en a gardé la trace…
Très vite, ils deviennent pour lui des pères. Ceux-ci le considèrent plus comme un modèle qu’un secrétaire, et le poussent à des expériences extrêmes nécessaires à leur inspiration : amaigrissement, clochardisation, logorrhées multiples… Se voulant et se sachant lui-même poète, Stavisky bénéficie autant qu’il subit leur influence, dont il se détache souvent avec violence…
Il se trouvera néanmoins au centre d’une collaboration avec eux pour réaliser une œuvre impossible unissant l’écriture, la sculpture, la peinture et la mise en scène…Tout au long de sa narration, il affirmera mener une croisade contre le Néant, dont il incarnera parfois involontairement les pulsions. En dehors de Stavisky et d’un personnage féminin dont il est amoureux, tous les lieux, individus, mouvements artistiques ou politiques de ce livre sont vrais et abondamment documentés.On y découvrira également un portrait ironique de Paris, la plus belle ville du monde, la capitale des arts et des lettres, le refuge des exilés de la Terre, des années 1930 à nos jours.
Cédric Dentant, Christophe Etemadzadeh, Cécile A. Holdban, Maïa Hruskova
La Fondation des Treilles accueille en 2024 Cédric Dentant pendant 2 mois pour la rédaction d’un essai poético-scientifque sur la dernière plante, ainsi que Christophe Etemadzadeh durant 3 mois pour son projet de roman autobiographique, les années furtives. Cécile Holdban viendra ensuite en résidence pendant 2 mois pour écrire un roman portrait sur Marc Chagall, en se concentrant tout particulièrement sur son bestiaire. Et enfin, Maria Hruskova séjournera 1 mois pour écrire sur la langue et le soi.
Cédric Dentant
Cédric Dentant est botaniste, alpiniste et auteur. Spécialiste de la flore de haute altitude et membre du service scientifique du Parc national des Écrins, il travaille dans les Alpes, les Andes et sur les plantes himalayennes. Les recherches collaboratives auxquelles il a participé ont permis la description de plusieurs nouvelles espèces de plantes aux limites altitudinales du vivant. Il mène enfin depuis plusieurs années des recherches en écologie historique (analyse de l’évolution des écosystèmes à partir de données historiques), afin de comprendre comment la vie évolue en milieu extrême.
L’écriture est sa fidèle compagne : auteur de Flora verticalis (2017), de Et si Darwin avait été alpiniste ? (2020) et enfin de la Botanique des cimes (à paraître, octobre 2023), il a basculé depuis peu dans l’aventure de scénario de bande dessinée.
Son projet
Titre de l’ouvrage : La dernière plante
Genre : Essai poético-scientifique
Notre relation aux plantes semble ainsi devoir se résumer à l’usage que nous pouvons en faire : une plante n’a d’intérêt à nos yeux que si elle « sert à quelque chose ». Notre incapacité à reconnaître aux plantes une altérité serait-elle un acquis de notre espèce pour vivre, exister ?
Un terme populaire récemment apparu pour le monde végétal trace un nouveau regard : « intelligence ». Les plantes en seraient-elles dotées ?
L’ambiguïté du terme n’est pas étrangère à son succès, car l’intelligence telle que nous la concevons implique une intention – on y revient. Mais le débat n’est pas aussi vif qu’il y paraît : pour beaucoup, l’évidence, le bon sens, suffisent à dénier toute forme d’intelligence aux végétaux, êtres immobiles à notre échelle de perception et dépourvus de système neuromoteur sophistiqué. D’autres auteurs proposent plus prosaïquement de reconnaître aux plantes une « sensibilité » singulière au monde. Ce concept a le mérite d’inclure autant une composante émotive que corporelle. Serait-il saugrenu de reconnaître aux plantes une sensibilité corporelle ? S’il semble que la « cause végétale » doive encore attendre, du moins de nouvelles attentions apparaissent.
Ce projet d’écriture tentera de raconter des plantes, sans prendre la parole à leur place. Raconter pour rencontrer. Ou du moins essayer : leur manière d’être au monde si étrangère à la nôtre pourrait littéralement être qualifiée d’« extraterrestre ». Le subterfuge est alors tout trouvé pour parler d’elles : s’aventurer du côté de l’extraordinaire, aux limites terrestres du vivant : en haute altitude, dans la plus « extraterrestre » de nos marges géographiques. Là où l’humain ne s’est jamais installé, mais où nombre de plantes habitent.
Christophe Etemadzadeh
Il est né en 1975, à Lille, d’un père iranien et d’une mère française.
À l’issue de ses études, il a enseigné le français pendant cinq ans. Depuis, à quelques écarts près, il se consacre à l’écriture.
Il a publié en 2013 un livre d’aphorismes, L’orgueil qu’on enferme (Liber), mais la majeure partie de ce qu’il écrit relève du genre autobiographique (au sens ancien du terme : il ne s’agit pas d’autofiction).
Son premier récit, Zardosht (et autres pièces du puzzle), est paru chez Gallimard en 2006 ; le dernier, La vie sans savoir, chez Arléa en 2021.
Son projet
Titre de l’ouvrage : Les années furtives (titre provisoire)
Genre : Roman autobiographique
“Je me propose de poursuivre lors de ma résidence aux Treilles l’entreprise autobiographique dont « La vie sans savoir » était le commencement. Mémoire et filiation sont les principaux thèmes de l’ouvrage, qui raconte l’histoire d’une famille autant que celle d’un individu.
Le premier volume était consacré aux années d’enfance ; le deuxième, qui s’intitule pour le moment « Les années furtives », évoquera l’adolescence et l’entrée dans l’âge adulte.
Proche, dans l’esprit, d’un roman d’apprentissage, le récit ménagera quelques surprises et coups de théâtre que le premier tome a préparés ; jusqu’au dernier chapitre qui constituera, autour d’un conflit entre père et fils, une sorte de nœud pour l’ouvrage entier.”
Cécile A. Holdban
Cécile A. Holdban, d’origine et de culture franco-hongroise, est auteure, peintre et traductrice littéraire du hongrois et de l’anglais. Elle tient une chronique littéraire dans l’émission Au fil des pages sur Aligre fm.
Les liens et la circulation entre les arts sont au cœur de son travail. Son univers de création se fonde sur ces rapports synesthésiques. Il s’enrichit particulièrement de l’observation et de l’imaginaire de la nature et de l’environnement.
Elle est l’auteure de douze livres de poésie, ainsi que d’une cinquantaine de livres d’artistes. Pour son ouvrage Poèmes d’après suivi de La route de sel, paru chez Arfuyen en 2016, elle a obtenu le prix Yvan Goll et le prix Calliope du Cénacle Européen.
En 2023 elle a achevé son premier livre en prose, consacré à l’évocation du destin de quinze femmes poètes du xxe siècle, Premières à éclairer la nuit, pour lequel elle avait obtenu en 2019 une bourse à la création du CNL, l’ouvrage sera publié aux éditions Arléa en 2024.
Elle collabore à des revues (Europe, La revue de belles lettres, Jardins, Alkémie, En attendant Nadeau, etc.), par des dossiers, poèmes, articles, notes de lecture et traductions. Elle co-dirige la revue en ligne de littérature et d’art contemporains « Ce qui reste », qui associe l’univers d’un écrivain à celui d’un artiste.
Son projet
Titre de l’ouvrage : Chagall cheval
Genre : Récit
Dans un récit s’appuyant sur des éléments biographiques, mais également sur ses propres notes lors de visites dans divers lieux où sont exposées ses œuvres, du musée Chagall de Nice, de la fondation Maeght, de l’opéra Garnier, des cathédrales de Reims, Metz et Mayence (pour ses vitraux), de sa tombe à Saint-Paul-de-Vence, et à la lecture de ses propres livres et de ceux qu’il a illustrés, elle propose un portrait personnel de Marc Chagall. Un portrait qui n’obéit pas à la linéarité du récit biographique, mais cherche à épouser la richesse bigarrée, la mélancolie joyeuse de ses toiles, en se concentrant tout particulièrement sur son bestiaire : des ânes rouges ou jaunes, des chèvres volantes, des poules géantes, des chats à figure de Pierrot, des êtres hybrides, des poissons avec des bras, etc. Cette ménagerie est particulièrement présente quand Chagall célèbre l’amour et/ou la musique. Les animaux semblent même indissociables, dans sa perception du monde, de ces deux pans essentiels de la vie.
Elle souhaite également, à travers cette thématique rarement abordée dans l’œuvre de Chagall, alors qu’elle est absolument centrale, évoquer la présence de l’exil et de la judéïté dans son univers pictural. Ce bestiaire onirique est un prolongement volontaire de l’enfance chez Chagall qui lui a permis de traverser les épreuves du xxe siècle. Petite-fille d’exilés hongrois et peintre, Cécile A. Holdban tisse des liens discrets avec sa propre histoire familiale.
Maïa HRUSKA
Née en 1991 dans une famille franco-tchèque, Maïa Hruska grandit en Allemagne et poursuit ses études universitaires au Royaume-Uni. Elle vit aujourd’hui à Londres. Parallèlement à son travail de juriste dans l’édition, elle prépare un essai à paraitre aux Editions Grasset, provisoirement intitulé « Pokoï », qui sera l’objet de son séjour à la Fondation des Treilles.
Son projet
Titre de l’ouvrage : Pokoï
Genre : Essai
Toute langue porte une vision du monde : cela a été répété mille fois depuis Humboldt et Goethe. Cette affirmation est aussi banale que nécessaire. Son livre souhaite éclairer les façons dont une langue porte aussi, et avant tout, une vision de soi. Qui dit « je » chez un polyglotte ? La réponse à cette question se corse selon que le polyglotte cherche à traduire le récit d’autrui ou bien qu’il cherche à se traduire lui-même.
Valery disait qu’« il y a des moi plus moi que d’autres ». Où se niche-t-il, ce « moi », chez un polyglotte ? Est-il éclaté, démultiplié à travers les langues ? Ou bien demeure-t-il souverain, chimiquement pur, détaché de toute contingence, imperturbable par-delà les langues ?
Au vingtième siècle, cette problématique fut éprouvée et documentée de façon aussi déchirante que féconde par les écrivains qui adoptèrent plusieurs langues au cours de leur vie. Adorno, Anders, Triolet, Nabokov, Arendt, Brodsky, Kundera, Levinas, Bellow, Kafka, Brod, Roth (Joseph), Canetti, Freud, Todorov, Gombrowicz : exilés, européens, polyglottes. Le multilinguisme tapisse aussi bien le fond que la forme de leurs œuvres. En leur sein s’enchevêtrent la langue de leur enfance, celle de Dieu, celle l’écriture, celle de leur amour, celle du pays où ils résidaient avant, celle de l’exil et, parfois, celle du retour.
Comment une polyglotte comprend-elle d’autres polyglottes ? La lecture de leurs œuvres, leurs correspondances et leurs journaux, lui permettra non seulement de constater la multiplicité des langues qui s’y manifestent, mais aussi de saisir l’instant où “leur” langue bascula dans l’étrangeté. Une langue n’est pas étrangère, elle le devient.
Sylvie Doizelet, Eugène Ebodé, Carine Fernandez
La Fondation des Treilles accueille en 2023 Sylvie Doizelet durant 2 mois pour la rédaction du livre le rendez-vous. Eugène Ebodé viendra ensuite pendant 4 mois pour écrire un roman sur le célibat des prêtres et le déchirement entre l’amour et la foi. Et enfin, Carine Fernandez séjournera 2 mois pour écrire sur la vie de Léandro Urbina de Piedraescrita, aventurier Castillan qui court l’Europe au milieu des bouleversements idéologiques et politiques de la Révolution et de l’Empire.
Sylvie Doizelet
Née à Lyon en 1959, elle est partie vivre à Londres dès l’obtention de son bac puis, après quelques années entre Londres, Lyon et Paris, s’est « installée » à Paris en 1981, suite à sa rencontre avec Raphaële George et Jean-Louis Giovannoni (« Les Cahiers du Double »). Vingt ans plus tard, en 2001, elle quitte Paris pour l’Aude, Arbois, La Panne, Bonfol, Beurnevésin, l’Aube, et vit maintenant à Boulogne-sur-Mer.
En 1992, elle publie son premier roman Chercher sa demeure (éd. Gallimard), et depuis cette date, elle a alterné la publication de romans et de portraits (Sylvia Plath, Rodenbach, Thomas de Quincey, Ruusbroeck, Kubin, Moore, Barlach, Kollwitz…), ainsi que de traductions (Ruth Rendell, Ted Hughes, Joyce, Laura Kasischke…). Elle travaille actuellement à un portrait de John Cowper Powys.
Son projet
Titre de l’ouvrage : Le Rendez-Vous
Genre : Roman
“Il y a ceux qui écrivent sur ce qu’ils sont et interrogent leur histoire. Il y a ceux qui sont juste une caisse de résonance, un réceptacle. Même si le mot me fait un peu peur, je suis une romancière « medium ». Je vois des images et j’entends des voix.
Depuis une dizaine d’années, les images n’apparaissent pas et les voix sont indistinctes. Noyées dans un brouhaha désagréable. À part une fulgurance bienvenue qui m’a permis d’écrire le court roman « Loch Ness », mon imaginaire est à sec ou, plutôt, saturé de trop d’informations.
Pendant ces années j’ai travaillé. J’ai passé beaucoup de temps avec l’artiste allemande Käthe Kollwitz, je me suis immergée dans les écrits inédits de Jean-Claude Pirotte afin de les publier au mieux, j’ai exploré et traduit l’univers poétique de Laura Kasischke, à présent je suis plongée dans l’œuvre de John Cowper Powys pour tracer son portrait. Activités passionnantes, liées à la création, mais…
Mais je voudrais redevenir romancière. Faire le vide, vider mon esprit de ses parasites (en partie du moins). Être de nouveau réceptacle, « medium ». Pas question d’essayer de forcer les images et les voix à revenir, bien sûr, mais me donner R.V. aux Treilles, dans ce lieu que je sais bénéfique. Et surtout, donner R.V. à « mes » personnages, et savoir qu’à mon arrivée, ils seront là.”
Eugène Ebodé
Eugène Ébodé est né en 1962 à Douala, au Cameroun. Il est actuellement administrateur de la chaire des littératures et des arts africains à l’Académie du Royaume du Maroc et professeur à l’université Lansana Conté de Sonfonia, en Guinée. Docteur en littératures française et comparée (université Paul-Valéry Montpellier 3), Docteur Honoris Causa de l’université Mahatma Gandhi de Conakry (Guinée), diplômé de l’Institut d’Études Politiques d’Aix-en-Provence, diplômé du CELSA (École des hautes études en Sciences de l’information et de la communication), il est aussi chroniqueur littéraire au quotidien suisse Le Courrier de Genève depuis 2006.
Il a publié des contributions dans la prestigieuse revue NRF dont Poétique d’un double maître (NRF, Gallimard, 2021), hommage à l’écrivain Édouard Glissant. Il réfute l’argument de l’hégémonie occidentale dans « Contre le discours de Victor Hugo sur l’Afrique » (in Qu’est-ce que l’Afrique ? ouvrage collectif codirigé avec Dr Rabiaa Marhouch et préfacé par le Pr Abdeljalil Lahjomri, coll. Sembura, La Croisée des chemins, Rabat, 2021).
Son œuvre romanesque présente une diversité de territoires, de continents et de thématiques dont les principaux titres sont : La Transmission (Gallimard, 2002, folio 2020), La Divine Colère (Gallimard, 2004), Silikani (Gallimard 2006), Le Fouettateur (Vents d’ailleurs, 2006), Métisse palissade (Gallimard 2012), Souveraine Magnifique (Gallimard 2014), La Rose dans le bus jaune (folio Gallimard, 2016), Le Balcon de Dieu (Gallimard, 2019), Brûlant était le regard de Picasso (Gallimard, 2021). Son dernier roman, Habiller le Ciel (Gallimard 2022), est une fresque sur la jeunesse africaine et un catafalque de papier consacré à sa mère immortalisée sous les traits d’une énergique et éblouissante Mama Africa. Eugène Ébodé est membre du jury du Prix Orange du Livre en Afrique et président du jury du prix Williams Sassine. Chevalier des Arts et Lettres, son œuvre littéraire a reçu de nombreuses récompenses dont le “Prix Eve Delacroix de l’Académie française”, “le Grand prix littéraire d’Afrique noire”, et le “Prix Jean d’Heurs du roman historique”.
Son projet
Titre de l’ouvrage : Angelina Salomone
Thème de l’ouvrage : Le célibat des prêtres et le dilemme entre la foi et l’amour
Genre : Roman
Dans la banlieue de Naples, près de Herculanum, au début du vingtième siècle, naît Angelina Salomone. Cette enfant d’abord réservée dans la première partie de son enfance, va, à partir de l’entrée à l’école, se transformer en une enfant espiègle. Ses parents, des agriculteurs et propriétaires de vignes, sont descendus en Campanie pour quitter une famille lombarde qu’une histoire d’héritage avait profondément divisée.
Angelina Salomone, devenue une jeune fille, va tomber amoureuse d’un jeune curé, Francesco Saponaro, qui revient d’Afrique où il a effectué ses jeunes années de prêtrise. Cet amour, d’abord secret puis étouffé par les deux jeunes gens, va éclater un soir d’orage.
Commence alors une période de grand trouble pour les amoureux. Francesco ne veut pas renoncer à son sacerdoce. Il essaie, dans la prière et la retraite, de quitter un amour auquel il tient. Angelina, quant à elle, ne veut pas que la découverte de cet amour interdit ternisse l’image de sa famille.
Elle croit alors trouver un dernier recours auprès du Pape, elle décide de s’en ouvrir à lui par une lettre en forme de confessionnal : « Très cher Saint-Père, je ne suis pas entrée dans l’amour, il s’est répandu en moi et son visage a un prénom : Francesco. Il est prêtre. Nous avons combattu l’évidence autant que nous avons pu avant de tomber dans ce qui est appelé un péché mais qui a un nom : l’amour. Je suis fidèle à l’Église et le vœu prononcé par Francesco appartient à ce à quoi il ne peut renoncer. Membres de la communauté des croyants en Jésus-Christ, Notre Sauveur, nous sommes conscients, très cher Saint-Père, des déchirements permanents dont notre foi autant que notre amour, inflexibles, nous conduisent aussi à l’impasse. Je ne viens pas à vous telle une conjurée et une contestataire, mais une fidèle confrontée à la dure loi des sentiments qui unissent et ne veulent que s’épanouir avec l’élu du cœur. Me voici, très Saint-Père, heurtant des principes mais vous suppliant de me sauver de l’opprobre comme de la panique mortelle. Je viens à vous, car je me sens prête à flamber comme une herbe sèche face à la flamme du désespoir qui avance. Que faire ? »
Carine Fernandez
Née dans la région lyonnaise d’un père républicain espagnol, réfugié politique, elle verra à son tour sa route s’inscrire sous le signe de l’exil. Elle a passé plus de vingt ans d’expatriation en Egypte, au Liban, en Arabie Saoudite et aux Etats-Unis, tout en poursuivant des études de lettres à distance avec l’Université Lyon II. Autodidacte invétérée, elle n’aime pas l’école, mais les livres, et se découvre une passion pour la recherche. Après un premier doctorat sur le Voyage en Orient de Gérard de Nerval, elle soutient une thèse d’état sur Vathek de William Beckford.
De retour en France elle commence à publier des critiques universitaires et des textes littéraires. Elle collabore aux revues « La main de singe » et « La polygraphe » et fait paraître un ensemble de poèmes, Les idiomes de l’Ouest, aux éditions Tarabuste. Son premier roman, La servante abyssine (Actes Sud 2003), est un roman picaresque sur fond de société saoudienne. En parallèle à sa carrière d’enseignante, elle se consacre désormais à l’écriture et publie deux autres romans aux éditions Actes Sud: La comédie du Caire et La saison rouge. Elle publie un recueil de nouvelles, Le châtiment des goyaves, aux éditions Dialogues, puis un court récit engagé sur la montée des groupuscules violents d’extrême droite, Identités barbares, aux éditions J.C. Lattès.
Avec Mille ans après la guerre, roman paru aux Escales, elle revient à la tragédie qui a préfacé son existence en réveillant la mémoire occultée de la guerre civile espagnole.
Son dernier roman, Un jardin au désert – Les Escales 2019 – dessine une fresque familiale truculente en Arabie Saoudite, étrange pays qu’elle connait intimement.
Cependant, elle considère son recueil de poésie, Les routes prémonitoires, publié aux éditions La Passe du vent en 2018, comme son « manifeste ». La poésie a toujours été première dans son parcours, elle l’a toujours accompagnée. Elle est passée dans son regard, dans son oreille, elle infuse ses romans. Elle est avant tout romancière et poète.
Son projet
Titre de l’ouvrage : Le Castillan des Lumières
Genre : Roman
Le Castillan des Lumières dessine un roman picaresque au ton enlevé qui s’inscrit dans le contexte de la fin du XVIIIème siècle. Il se propose de retracer la vie de Léandro Urbina de Piedraescrita, aventurier Castillan qui court l’Europe au milieu des bouleversements idéologiques et politiques de la Révolution et de l’Empire
Descendant d’une famille aristocratique de tradition militaire, Léandro est le petit fils de Guzman de Piedraescrita, capitaine de l’armée espagnole dans les Flandres. En 1715, au moment de la reddition, Guzman retourne en Espagne avec Esteban, un des jumeaux qu’il a eus d’une concubine flamande, abandonnant l’autre à la mère. Il fera élever Esteban (le père de Léandro) par son épouse avec ses autres enfants légitimes et ne lui révélera sa véritable origine que post mortem. Esteban, devenu militaire lui aussi, élevé dans le code intraitable de l’honneur, gardera le silence sur sa filiation, rejetant cette lignée étrangère et surtout roturière dont il a honte. Ce n’est qu’à la mort d’Esteban que son fils découvrira à son tour ses origines flamandes. Le jeune Léandro, en réaction à des générations de militaires qui pensent qu’un homme doit mourir debout, a troqué la carrière des armes pour la plume. C’est un poète, un passionné de théâtre et de philosophie, pétri de cet esprit cosmopolite des Lumières qui touche alors toute l’Europe. Il décide de partir pour les Flandres à la recherche de son oncle.
Le récit s’initie comme une quête et un roman d’apprentissage. C’est le roman de la route et de l’ouverture au monde. Un monde où les idées fermentent et se propagent avant les convulsions de la Révolution française et des guerres napoléoniennes. Poésie des grands chemins, vent des départs qui emportera Léandro d’aventures cocasses en rencontres improbables.
Dans ce récit à la première personne, Léandro, parvenu à la maturité, revient sur son parcours de vie, non seulement pour le bonheur de revivre des moments disparus, mais dans une perspective de séduction. De même que les Mille et une nuits sont le conte qui retarde la mort, la confession de Léandro est le conte qui doit faire naître l’amour. Ce roman convoque une notion essentielle en Espagne : la théâtralité. Depuis le siècle d’or, l’Espagne a la passion du théâtre. Esthétique baroque de l’illusion qui renvoie à l’éthique du mouvant, d’un univers en perpétuelle transformation. Représentation scénique et réalité se reflètent mutuellement dans une optique en miroir. La vie est un songe comme dans la pièce de Calderon et le monde réel une scène où chacun s’efforce de jouer sa partie. Léandro, personnage passionné, à la fois timide et histrionique, incarne ce dédoublement perpétuel en faisant de sa vie un spectacle.
François-Henri Désérable, Isabelle Tillerot, Beata Umubyeyi Mairesse
La Fondation des Treilles accueille en 2022 François-Henri Désérable durant 3 mois pour la rédaction d’un récit de voyage en Amérique latine, sur les traces de Che Guevara. Isabelle Tillerot viendra ensuite pendant 3 mois pour écrire un essai en histoire de l’art sur le fragment au XVIIIe siècle. Beata Umubyeyi Mairesse séjournera 2 mois pour écrire sur la quête d’une femme d’aujourd’hui pour rendre son histoire spoliée à une femme d’hier, entre Europe et Afrique.
François-Henri Désérable
Alors qu’il mène une carrière de joueur de hockey sur glace professionnel, François-Henri Désérable commence à écrire à l’âge de dix-huit ans, et publie à vingt-cinq ans son premier livre aux éditions Gallimard : Tu montreras ma tête au peuple, qui remportera plusieurs prix littéraires dont celui de la Vocation. Suivront Évariste, biographie romancée du génie des mathématiques Évariste Galois, considérée par le magazine Lire comme la révélation française de l’année 2015, et Un certain M. Piekielny (2017), enquête sur les traces d’un personnage évoqué par Romain Gary dans La Promesse de l’aube. En septembre 2021, paraît Mon maître et mon vainqueur (Gallimard).
Son projet
Thème de l’ouvrage : Récit de voyage en Amérique latine, sur les traces de Che Guevara.
Genre : Roman
Cet automne-là les taux d’intérêt étaient en baisse, l’immobilier en hausse, ma famille, mes amis s’inquiétaient : est-ce qu’il n’était pas temps que j’investisse dans la pierre ? Avec un peu de chance et un banquier indulgent je pouvais peut-être m’endetter sur trente ans, mon âge à l’époque. Je n’en avais ni les moyens ni l’envie. Signant un acte de vente, j’aurais eu la sensation de signer mon propre registre d’écrou – et de voir ma liberté circonscrite à quelques mètres carrés. Et puis un appartement, ça se meuble ; aux meubles, j’ai toujours préféré mon sac de voyage.
Je venais de rendre à mon éditeur deux cent vingt feuillets d’un roman qui m’avait tenu lieu de vie pendant près de trois ans, puis laissé riche de mes seuls yeux intranquilles, en proie au doute et désœuvré. Qu’allais-je faire maintenant ? J’examinai mon reflet dans une glace : au coin des yeux s’ébauchaient quelques rides ; sous les yeux, les cernes avaient bleui. Ma jeunesse prenait le large ; mon sac, la poussière au fond d’un placard ; il était temps de partir, sans raison ni délai. Mais dans quelle direction ?
C’est de Córdoba, en Argentine, à une journée de route au nord-ouest de Buenos Aires, que sont partis, le 29 décembre 1951, Alberto Granado, dit Mial, vingt-neuf ans, et son ami Ernesto Guevara, dit Fuser, vingt-trois ans. L’itinéraire : Argentine – Chili – Pérou – Colombie – Venezuela. Le moyen de transport : une Norton 500cc 1939 baptisée Poderosa II, ce qui veut dire « La Vigoureuse » – et qui de vigoureuse n’avait que le nom. L’objectif : voir du pays. De ce voyage, Guevara et Granado avaient chacun tiré un récit. De ces récits, Walter Salles avait tiré un film. Film et récits – en plus d’une passion romantique pour le Che – m’avaient donné l’envie de rouler sur leurs traces pendant 8000 kilomètres à moto, en voiture, en bus ou en camion. L’itinéraire était tracé ; il ne me restait plus qu’à le suivre. Un matin, je suis parti. Six mois plus tard, j’étais de retour. C’est ce voyage à travers l’Amérique latine, sur les traces de celui qui deviendrait le Che, que je voudrais raconter.
Isabelle Tillerot
Titulaire d’un doctorat en histoire de l’art moderne, pour lequel elle bénéfice d’un Predoctoral Fellowship de deux ans au Getty Research Institute à Los Angeles, Isabelle Tillerot enseigne l’histoire de l’art à l’université de Californie de Los Angeles (UCLA), à l’université de Lausanne, à l’université de Paris 10 et à The American University of Paris. Parallèlement, elle écrit des articles et des chapitres d’ouvrages, dirige un numéro de Museum International, revue publiée par l’UNESCO, participe à l’édition de sources et coédite avec Gustave de Staël des catalogues d’exposition.
Jean de Jullienne et les collectionneurs de son temps. Un regard singulier sur le tableau, sa thèse récompensée en 2005 par le prix Nicole, décerné par le Comité français d’histoire de l’art, et en 2007 par le prix Marianne Roland Michel, décerné par la Fondation Marianne et Roland Michel de l’Institut de France, est publiée en 2010 dans la collection Passages du Centre allemand d’histoire de l’art Paris, aux éditions de la Maison des sciences de l’homme.
Son deuxième livre, Orient et ornement. L’espace à l’œuvre ou le lieu de la peinture, est publié par les mêmes éditeurs en 2018 et est sélectionné l’année suivante par les Getty Publications pour une traduction anglaise confiée à Chris Miller. Orient and Ornament, or How the Painting Became an Island paraîtra aux Getty Research Institute Publications en 2022. Pour la rédaction de son dernier ouvrage, elle reçoit en 2018 une bourse aux auteurs du Centre national du livre. Sa troisième publication dans la collection Passages paraît en mai 2021 sous le titre Beautés arbitraires. Essai sur l’imagination à l’époque moderne.
Son projet
Titre de l’ouvrage : L’intrigue du fragment au XVIIIe siècle. Bris et éclats d’une trace
Genre : Essai
Dans sa vérité contradictoire et insolente, le fragment est à la fois général et particulier, et en tout spécifique. Ce projet vise à combler la lacune de son histoire au XVIIIe siècle. Selon la première édition du Dictionnaire de l’Académie française en 1694, il est le morceau de quelque chose qui a été cassé, brisé, et il ne se dit guère que des choses considérables. Il est au sens figuré la part infime d’un texte disparu ou inachevé, qui fut ou ne fut jamais.
Or un siècle plus tard, Montesquieu donne au fragment inachevé l’argument de sa valeur et l’Encyclopédie estime à l’égal des ébauches des maîtres de la peinture, le fragment littéraire et philosophique, le fragment des formes brèves et des pensées à venir. En découle le statut mystérieux du fragment, qui est à lui seul l’unique trace d’une œuvre mise en morceau dont le dessein était achevé ou d’une œuvre interrompue qui n’a jamais été qu’absente.
C’est ainsi que le terme commence à désigner ce qui est essentiel et l’œuvre en soi. Ses paradigmes et les modifications remarquables dont il est alors l’objet montrent qu’aucun fragment ne se ressemble, qu’il est toujours libre d’être réinventé et est en réalité la pierre de touche de l’imagination des hommes, celle qui leur permet d’appréhender l’altérité, l’inatteignable et l’inconnu.
Maurice Blanchot en dessine les contours dans les pages qu’il consacre à René Char : « Parole de fragment : il est difficile de s’approcher de ce mot. ‘Fragment’, un nom, mais ayant la force d’un verbe, cependant absent : brisure, brisées sans débris, l’interruption comme parole quand l’arrêt de l’intermittence n’arrête pas de le devenir, mais au contraire le provoque dans la rupture qui lui appartient ».
Sa pertinence à la période moderne tient à ce qu’il ne va jamais de soi, quelles que soient ses apparences et raisons d’être, et semble toujours surgir et se dérober à la croisée d’autres intrigues et désirs.
Beata Umubyeyi Mairesse
Beata Umubyeyi Mairesse est née à Butare, au Rwanda, en 1979. Elle arrive en France en 1994 après avoir survécu au génocide des Tutsi. Diplômée de Sciences politiques, elle travaille 15 ans comme coordinatrice de projets de santé, en France et à l’étranger, puis entre en littérature tardivement. Elle publie d’abord des nouvelles, Ejo suivi de Lézardes et autres nouvelles, lauréates de nombreux prix littéraires.
Son premier roman Tous tes enfants dispersés, paru en 2019, a remporté le prix Éthiophile, le prix Des racines et des mots, le prix du Marque-Page et le prix des cinq continents de la Francophonie (Éd. Autrement & J’ai Lu). Elle a également publié un recueil de poèmes en prose : Après le progrès.
Son projet
Titre de l’ouvrage : Le convoi
Genre : Roman
Je souhaite écrire l’histoire du convoi qui m’a sauvé la vie en me permettant de fuir le Rwanda en 1994. Durant le génocide contre les Tutsi, une ONG suisse, Terre des Hommes, est parvenue a organiser quelques convois humanitaires exceptionnels afin d’évacuer des centaines d’enfants, essentiellement des Tutsi, permettant à ceux-ci d’échapper à une mort certaine à Butare, ma ville natale.
Par ce récit, je voudrais rendre hommage à la poignée de personnes qui ont posé des actes d’humanité rares en ces temps de terreur, conserver la mémoire des survivantes et survivants, mais aussi raconter mon long cheminement pour trouver les traces des uns et des autres. Qu’est-ce qu’être une survivante? Quelle valeur donnons-nous à la mémoire ? Qui raconte quoi, comment et quand? Qui sauve-t-on et pourquoi ? Quelle reconnaissance possible ? Que disent les archives ?
Autant de questions et bien d’autres auxquelles j’espère donner, sinon une réponse, du moins une perspective, en racontant l’histoire des victimes, des humanitaires et des journalistes mais aussi des autorités génocidaires qui se sont retrouvés dans ce convoi du 18 juin 1994.
Dimitri Bortnikov, Garance Meillon, Geneviève Parot
La Fondation des Treilles accueille en 2021 Dimitri Bortnikov durant 3 mois pour la rédaction d’un roman qui aura pour toile de fond la guerre en Ukraine et abordera la question du combat entre le bien et le mal à l’intérieur de l’homme. Garance Meillon viendra ensuite pendant 2 mois pour écrire sur son histoire personnelle, l’histoire d’une femme qui passe de l’adolescence à l’âge adulte, dans un monde marqué de plus en plus fortement par le féminisme et tous ses courants. Geneviève Parot sera présente à la saison d’automne pour écrire un roman sur le thème de l’euthanasie d’un point de vue sociétal.
Dimitri Bortnikov
Né en 1968 à Samara, en Russie, Dimitri y fera des études de médecine. Il part ensuite près du cercle polaire pour faire son service militaire et commence à écrire en Yakoutie. Après son service militaire, il abandonne la médecine, entre à l’université, où il entame des études littéraires. En parallèle, pour survivre, il exerce plusieurs petits boulots : infirmier dans une maternité, bruiteur à la radio, professeur de danse dans une maison de redressement, cuisinier sur un bateau de la Volga, et bien d’autres…En 1998, il obtient le prix de l’Open Society Foundations de Soros qui lui permet de venir en France.
En 2001, il publie en Russie son premier roman, Le syndrome de Fritz, qui est traduit en français aux éditions Noir sur blanc (Prix Russophonie 2011, Libretto, 2011). En même temps, il travaille comme cuisinier chez une comtesse russe.
En 2005, son deuxième roman, Svinobourg, paraît en Russie, et est assez vite traduit du russe au français (par Bernard Kreise) aux éditions du Seuil. En 2008, est publié un nouveau roman, Furioso (Musica falsa).
En 2011, Repas de morts est son premier roman écrit en français (éditions Allia).
En 2012, Dimitri s’attelle à un projet insensé : traduire la correspondance d’Ivan-le-Terrible du slavon vers le français. C’est-à-dire d’une langue morte vers une langue apprise. Je suis la paix en guerre, Les lettres d’Ivan-le-Terrible, traduction inédite du slavon, sort chez Allia la même année.
En 2017, il publie Face au Styx chez Rivages (élu meilleur roman français 2017 par le magazine Lire).
Son projet
Titre prévu de l’ouvrage : Le tombeau de Parsifal
Genre : Roman
Un écrivain franco-russe s’engage comme cuisinier au côté des rebelles « pro-occidentaux » dans la guerre en Ukraine. Armé d’une simple louche, il contemple la guerre. Devient la risée de tout le détachement… Sa guerre ne durera que quelques mois, et cette courte période sera pour lui la découverte de l’homme en armes dans toute sa misère désarmée par la mort et sa splendeur inattendue. Petit à petit, il perd ses illusions sur la justice, sur le juste et le bien, sur la possibilité de l’homme à dépasser la violence. Son meilleur ami est tué, et l’écrivain déserte.
Durant deux ans, à pied, dans le pays de sa naissance qui lui est devenu hostile, il essaie de rentrer chez lui où il est perçu comme un ennemi et un traître. Et là commence pour lui la descente aux enfers qui sera plus longue et terrifiante que n’importe quelle guerre. Il rencontre le sacrifice humain. Car la guerre devient une bataille à l’intérieur d’un seul homme, éternel combat entre le bien et le mal.
Au fil de ses périples, tel un Ulysse, il voit à ce moment-là, au cœur des enfers, émerger son intime Ithaque en lui. Il voit sa propre âme, son île dans la mer des visions, des mensonges et des mirages, dans toute sa nudité, éclairée sans être aveuglée, sans aucune ombre, la vérité de chaque vie. Il comprend que rien ne peut arrêter la vie ni le destin. La seule chose que l’homme peut faire pour rester homme, c’est d’aimer son destin.
Garance Meillon
Après des études littéraires, Garance Meillon s’envole pour la Californie, où elle décroche un Bachelor’s en scénario & réalisation à l’université de Chapman. Rentrée en France, elle effectue des missions de développement auprès de sociétés de production de longs-métrages.
En janvier 2016, elle publie son premier roman, Une famille normale (Fayard), qui paraît en Folio l’année suivante et remporte le “Prix de soutien à la création littéraire de la Fondation Simone et Cino del Duca” (Institut de France).
En 2018, paraît son deuxième roman, La douleur fantôme (Fayard), un livre à la frontière du fantastique inspiré de ses souvenirs à Los Angeles.
Elle poursuit en parallèle ses projets cinématographiques et co-écrit avec Romain Compingt le scénario de long-métrage J’arrive, qui remporte l’Aide à la réécriture du CNC et l’Atelier Grand Nord (Québec), et qu’elle développe actuellement avec une production. Elle travaille également sur plusieurs projets de série, dont l’un a remporté le Fonds d’aide à l’innovation du CNC.
Son troisième roman, Les corps insolubles, est paru en janvier 2021 chez Gallimard.
Son projet
Titre de l’ouvrage : chronique d’une tachycardie
Genre : Roman
“Tout a commencé avec une prise de conscience : “je suis rarement sortie avec des garçons parce que je les désirais. Chaque fois, ou presque, je suis sortie avec eux parce que c’était une histoire que je pouvais me raconter.” Arrivée à la trentaine, je me suis aperçue que j’avais vécu des histoires avec des hommes précisément pour cela : pour que ces aventures physiques deviennent des histoires, pour que les actes soient plus tard traduits en mots. Aussi paradoxal que cela puisse paraître, je vis moins pour vivre que pour raconter.
J’ai donc décidé de faire l’examen chronologique de ma vie sentimentale, méthode simple, linéaire, qui pourtant me laisse entrevoir non seulement la mécanique émotionnelle qui chaque fois est à l’œuvre, et qui toujours me pousse à vouloir « mieux que ça », mais aussi à quel point mon rapport à mon corps change au gré de l’époque, qui change elle aussi : entre les années 2000 (époque de mes premières relations significatives) et aujourd’hui, le point de vue sur les femmes s’est modifié considérablement.
À travers mon histoire personnelle, à travers mon corps de femme parmi tant d’autres, je voudrais tenter une dissection — toute subjective — d’un corps féminin dans le temps. Un corps féminin qui, contrairement à celui qui se trouve souvent mis en avant dans les médias, au cinéma ou à la télévision, ne serait ni assassiné, ni violé, camouflé, hypersexualisé ou exhibé : simplement, raconter, avec le recul qu’offre la littérature, l’histoire corporelle d’une femme de la génération Y, qui passe de l’adolescence à l’âge adulte, dans un monde marqué de plus en plus fortement par le féminisme et tous ses courants. Les hommes traversent sa vie et cette femme croit rester la même, mais son point de vue sur son corps change, dans le même temps que les mœurs, insensiblement, changent elles aussi — si bien qu’elle finit par en porter la trace sur elle. Je voudrais en somme me prendre comme objet d’étude afin de réaliser cet historique sentimental et physique, qui sera à la fois intime et, je l’espère, universel.”
Geneviève Parot
Au cours de ses études de Lettres, Geneviève Parot rencontre sa première passion : le théâtre. Dans l’effervescence des années 70, elle s’engage à fond dans l’aventure collective de cet « art total », au sein de plusieurs compagnies en régions. De Fassbinder à Marguerite Duras, de Brecht à Corneille, Molière ou Musset, de l’improvisation à l’alexandrin, elle se confronte aussi à l’assistanat et à la mise en scène, à l’écriture de scenarii et de chansons, à l’adaptation de textes, comme « La porteuse de pain » de Xavier de Montépin.
Elle conçoit et coréalise deux séries radiophoniques pour Radio France : « Victor Hugo et le docteur Lachamp » en 1985 et « L’almanach des quatre saisons » d’après Alexandre Vialatte en 1986.
A la fin des années 80, elle tourne la page, change de milieu, devient rédactrice dans la communication institutionnelle, avec comme principal dossier en charge le magazine télévisé MASSIF coproduit par FR3 et la DATAR et réalisé par Laurent Bignolas.
C’est à cette période que l’écriture – cette fois-ci personnelle – s’impose à elle comme une résurgence de la nécessité de créer. Elle écrit d’abord des nouvelles (une soixantaine dont une dizaine publiées et une adaptée à l’écran), puis des romans :
Trois sœurs, un long silence (Editions Gallimard, collection Blanche, 2005)
La folie des solitudes (Editions Gallimard, collection Blanche, 2009)
Ainsi qu’un récit de voyage : Neapolis, dans « Le Journal des Lointains » (Editions Buchet-Chastel, 2008)
Parallèlement elle retrouve avec bonheur l’art dramatique : en 1996 elle crée l’enseignement de spécialité Théâtre du Lycée Eugène Jamot d’Aubusson dans la Creuse, en partenariat avec la Scène Nationale-Théâtre Jean Lurçat, où elle enseigne jusqu’en 2018.
Depuis elle se consacre entièrement à l’écriture.
Son projet
Titre de l’ouvrage : à venir
Genre : Roman
Aujourd’hui, dans les sociétés dites « développées », alors que le transhumanisme rêve de nous rendre éternels tandis que l’inversion de la pyramide des âges devient un problème mondial, comment considérons-nous le temps limité de la vie humaine ? Comment voyons-nous l’avenir et nous inscrivons-nous dans la suite des générations ? Comment réagissent ou pourraient réagir nos sociétés, nos États, comment traitent-ils ou pourraient-ils traiter le « problème »? Jusqu’où peut aller la logique de nos systèmes ? Vers quelles impasses ou quels changements ?
Cette fiction se situera dans le futur proche, entre dystopie et farce : la charge que représente la cohorte des personnes âgées inactives et improductives (mais pas dépendantes), vécue comme un « gouffre sans fond », est devenue insupportable. Les tensions s’exacerbent entre les générations, les indicateurs économiques sont au rouge, les thérapies géniques « menacent » d’allonger encore l’espérance de vie. Il faut trouver un remède à cette situation explosive.
Un nouveau concept a germé dans les cercles du pouvoir, élaboré par des conseillers-experts en économie, assistés des conseillers-experts en sociologie, psychologie, gériatrie, philosophie… C’est le concept de l’entraînement au départ volontaire, qualifié de « grande cause humanitaire ».
Ce concept a amené la création d’un outil pour le mettre en œuvre : l’Établissement d’Entraînement au Départ Digne, ou E.E.D.D. L’objectif est de faire envisager, puis accepter, puis désirer par les intéressés leur propre disparition. Ces E.E.D.D. se multiplient, et rencontrent un succès grandissant. C’est dans un de ces établissements que se déroulera l’action.
Clément Bénech, Laurence Lacour, Sophie Divry
La Fondation des Treilles a accueilli en 2020 Clément Benech durant 3 mois pour la rédaction d’un roman dans lequel il sera question d’appartenance et qui aura pour originalité d’incorporer des éléments visuels dans le récit. Laurence Lacour a également été présente pendant 3 mois, pour travailler sur le récit d’une histoire d’amour qui se déroule en Irlande du nord sur fond d’élaboration du processus de paix désormais menacé par le Brexit. Sophie Divry a été accueillie à la fondation durant 2 mois pour écrire une “fantaisie martienne”.
Clément Bénech
Clément Bénech est né à Paris en 1991. Après un baccalauréat scientifique, il étudie la germanistique, la littérature française et l’édition entre Paris, Bordeaux et Berlin. Il écrit à l’occasion dans la presse : “Libération”, “ArtPassions”, notamment sur la peinture et la photographie.
En parallèle, il rédige des romans. L’Été slovène est publié en 2013 par Flammarion, puis Lève-toi et charme en 2015, et enfin Un amour d’espion en 2017. Ce dernier lui vaut d’être sélectionné l’année suivante parmi les Éclaireurs, ou « 30 Français de moins de 30 ans qui feront la France de demain » du magazine Vanity Fair. En 2019, il publie un essai, Une essentielle fragilité, le roman à l’ère de l’image, aux éditions Plein Jour, qui lui vaut son premier prix littéraire, le prix Khôra-Institut de France de l’essai littéraire 2019.
Il a profité de sa présence à la Fondation des Treilles pour écrire un nouveau roman, qui prolongera sa recherche formelle sur l’incorporation d’éléments visuels dans l’espace romanesque, et concernera des notions aussi variées que l’appartenance, les parapluies, l’éducation et les prothèses cardiaques.
Son projet
“Les appartenances de Jeanne Popescu” ou “Made in France” (titre final : un vrai dépaysement)
Si la question lui était posée, Jeanne Popescu répondrait sans doute comme la petite fille qu’elle est : « je m’appelle Jeanne, j’ai dix ans, je vis à Olliergues (63), je suis née à Clermont-Ferrand en 1998, j’aime jouer à la corde à sauter avec mes amies, dessiner des chevaux et jouer à Nintendogs sur ma DS. Mon papa travaille à la fabrique de parapluies d’Aurillac et ma maman est aide-soignante. »
Mais la vie simple de Jeanne va croiser la trajectoire d’une comète, en la personne d’un jeune instituteur, Romain Pécuchard. Ce Parisien, frais émoulu de son école de pédagogie, se retrouve parachuté dans le village auvergnat de Jeanne. Très ambitieux et désireux de révolutionner l’éducation dans son entier, il voudra faire de la fillette – en qui il voit l’incarnation de l’exotisme – une nouvelle Émile. Cette rencontre sera pour Jeanne le point de départ d’un questionnement identitaire qui prendra différentes formes dans son adolescence, du couple à l’engagement associatif en passant par les nouvelles sortes d’appartenance que proposent les réseaux virtuels.
Outre son sujet (l’appartenance), et les trois grands domaines qui constituent ses piliers, le roman continuera aussi l’aventure formelle dans laquelle Clément s’est lancé dès son deuxième roman, qui consiste à insérer des images au sein du récit.
Laurence Lacour
Laurence Lacour est née en 1957 à Orléans, sur les bords de la Loire, “le dernier fleuve sauvage d’Europe ! “. Portée par une vocation précoce de journaliste, elle se forme à l’exigeante école de la presse quotidienne régionale, écrite et radio, avant d’intégrer Europe1 en 1983. Envoyée spéciale dans l’Est de la France, elle accompagne les mutations des années 80 dans des régions à vif. En Lorraine, l’effondrement économique et social des grandes industries : charbon, acier, textile.
A Strasbourg, l’émergence de l’Europe d’aujourd’hui (Acte Unique, élargissement, couple franco-allemand etc.) Mais c’est la retentissante affaire Grégory, survenue dans les Vosges, qui va bouleverser son rapport passionné à son métier. Choquée par les nombreuses dérives médiatiques et judiciaires, elle démissionne pour les dénoncer dans un ouvrage devenu référence, Le Bûcher des innocents (Plon, les Arènes). Elle a poursuivi son étude des années 80 en autopsiant l’affaire du sang contaminé dans Le chant sacré (Stock). Enfin, la confession d’une longue randonnée, hivernale et solitaire, vers Saint-Jacques-de-Compostelle lui a permis de publier un ouvrage très intime, Tout homme est homme. (Bayard).
Ses trois mois de résidence à la Fondation des Treilles lui ont permis de revenir encore sur ces années cruciales en plongeant, sous forme romanesque, dans les troubles d’Irlande du nord et un amour passion sur fond d’élaboration du processus de paix désormais menacé par le Brexit. “Ces années 80 continuent de me fasciner. Les restituer me permet de toujours mieux me connaître moi-même”.
Son projet
« L’étoffe du ciel »
1989 – En Irlande du Nord, une correspondance amoureuse passionnée sur fond de guerre civile entre catholiques et protestants, républicains et royalistes. Ce conflit, complexe, opposant convictions religieuses et politiques, enjeux purement britanniques et internationaux, sert avant tout de toile de fond à l’expression des deux personnages. L’histoire est d’abord celle de deux êtres aux antipodes l’un de l’autre appelés à devenir fusionnels. Le roman, sans narrateur, repose sur le seul échange des lettres.
Emma, infirmière de 31 ans, soigne des blessés des deux bords au l’hôpital Royal Victoria de Belfast. Fin 1988, elle assiste à un enterrement en compagnie de son père, colonel de l’armée britannique.
Ils y croisent un célèbre avocat de 66 ans, Pat O’Mahony, militant des Droits de l’Homme, établi à Dublin. Emma l’avait vu un an plus tôt au chevet de jeunes combattants qu’il incitait à abandonner la lutte armée. Le soir-même, elle lui écrit pour raviver ces souvenirs marquants. Ému, l’avocat l’invite à son bureau et d’emblée, chacun comprend que, malgré ce qui les sépare (l’âge, la condition sociale), l’essentiel va un jour les réunir. Séparés par la frontière invisible entre Belfast et Dublin, ils entretiennent une correspondance bientôt ardente, tenue secrète, dans laquelle ils questionnent leur rencontre puis leurs sentiments. Sans jamais se revoir, chacun éclaire la vie de l’autre. Ensemble, ils parviennent à réaliser l’impossible, tisser L’étoffe du ciel. Pourtant, la politique et les armes, toujours embusquées, finiront par les rattraper.
Sophie Divry
Née en 1979 à Montpellier, Sophie Divry fait des études de sciences-politiques. Elle travaille comme journaliste au journal “La Décroissance” avant de se consacrer à l’écriture. Elle publie son premier roman, La Cote 400, en 2010. Elle est notamment l’auteur de La condition pavillonnaire, Trois fois la fin du monde et de l’essai Rouvrir le roman. Son oeuvre est publiée aux éditions Notabilia. Elle vit à Lyon.
Son projet
L’idée de départ est de faire du rover “Curiosity”, le laboratoire roulant de la Nasa à la surface de la planète Mars depuis 2012 – et dirigé en partie depuis Toulouse – le héros de son roman. Un rover qui s’échappe des commandes humaines, et se promène à son gré sur Mars, ce qui perturbe énormément les ingénieurs, et prêtera autant à sourire, car l’idée est autant de s’amuser par le pouvoir de la fiction, qu’à réfléchir sur la science et la volonté de pouvoir. Sophie a déjà fait parler les objets dans Quand le diable sortit de la salle de bain, à la manière de Lewis Caroll dans Alice au pays des merveilles. Dans ce roman à venir elle imagine des rovers et des orbiteurs campant de véritables personnages, voire s’engageant dans des courses-poursuites (il y a six orbiteurs qui tournent autour Mars actuellement, photographiant à 10 cm près la surface). “J’ai envie d’écrire une sorte de « fantaisie martienne ». Ceci dit, la part de science-fiction y sera assez faible : d’une part je n’aime guère ses lénifiantes descriptions techniques, d’autre part il suffit de raconter ce que les hommes réalisent sur Mars aujourd’hui pour se sentir déjà dans de la science fiction. Dans mon dernier roman, “Trois fois la fin du monde”, je faisais ce que certains appellent du “nature writing” (bien que je n’aime pas ces termes). Or il s’agira ici de décrire la nature martienne, soit un désert glacé, un désert si vieux qu’il est rouillé, et dont les orbiteurs ont envoyées des prises de vue extraordinaires, cadre parfaitement romanesque… et pourtant réel. C’est pour un écrivain assez stimulant de décrire Mars : on ne se pose pas la question, mais la plupart des paysages qu’on lit en littérature sont, de fait, des paysages terrestres. Pour Mars, tout reste à écrire”.
Violaine Bérot, Eddie Breuil et Spyridon Tegos
La Fondation des Treilles a accueilli en 2019 Violaine Bérot, durant 3 mois, pour la rédaction d’une fiction dans laquelle il est question du rapport de l’homme contemporain à la nature et aux bêtes, de vie en marge de la société consumériste, d’entraide mais aussi d’effondrement de notre civilisation industrielle, Eddie Breuil, également durant 3 mois, pour un essai « Critique de la poésie », et Spyridon Tegos, durant 2 mois, pour un essai portant sur les principaux courants des Lumières concernant la civilité opérée par la pensée d’Adam Smith et sur sa réception en France dans les Lumières finissantes.
Violaine Bérot
Violaine Bérot est née en 1967 au cœur de la montagne pyrénéenne. Vie et écriture sont depuis toujours entremêlées dans son parcours. A partir de son corps de femme elle écrit sur les ressentis, les émotions, les intuitions. Son dernier roman, Tombée des nues (Buchet-Chastel, 2018), raconte au travers des voix de sept personnages le bouleversement provoqué dans une petite communauté villageoise par l’arrivée d’un enfant inattendu.
Quelques années égarée en ville, cette fille de la nature est vite retournée à ses sources. Délaissant modernité et croissance contre une vie sobre, elle expérimente depuis 20 ans ce que vivre en marge de notre monde contemporain signifie.
Son projet de roman rejoint ces préoccupations. Les 3 mois de résidence à la Fondation des Treilles lui ont permis de continuer un travail initié en Suisse à la Fondation Michalski dans lequel il est question du rapport de l’homme contemporain à la nature et aux bêtes, de vie en marge de la société consumériste, d’entraide mais aussi d’effondrement de notre civilisation industrielle.
« Les pages blanches que je remplis ne sont que les balbutiements de mes textes à venir. Écrire, pour moi, c’est surtout ce qui vient après le premier jet. Écrire c’est gommer, raturer, reformuler, jeter, relire, écouter, recommencer. C’est ronger l’os pour atteindre la moelle. »
Eddie Breuil
Eddie Breuil a séjourné trois mois à la fondation pour rédiger un essai : Critique de la poésie. Eddie est né à Vénissieux. Il soutient une thèse de doctorat avec les félicitations du jury en 2015 sur le sujet « histoire et théories de l’édition critique des textes modernes » sous la direction de Philippe Régnier. Une version remaniée est à paraître aux éditions Garnier sous le titre Méthodes et pratiques de l’édition critique des textes modernes.
Titulaire du Capes de Lettres Modernes, il enseigne le français et la littérature aux universités de Guadeloupe et de Séville, à l’IUT2 de Grenoble, à l’ESPE de Bordeaux, en lycée et dans plusieurs collèges REP.
On lui doit un travail de recherche décisif avec Du Nouveau chez Rimbaud, éd. Honoré Champion, obligeant à réattribuer de nombreux textes ni signés ni revendiqués et attribués hâtivement à Arthur Rimbaud, notamment des textes en prose compilés traditionnellement sous le titre Illuminations.
Depuis 2016, il est membre du comité de rédaction de la “Nouvelle Quinzaine littéraire”, aujourd’hui “Quinzaines”. Il prépare une édition synoptique des œuvres complètes d’Isidore Ducasse. Il s’intéresse enfin à la dimension culturelle du jeu d’échecs.
Durant sa résidence aux Treilles, il s’est intéressé aux liens entre sensibilité et esthétique.
Spyridon Tegos
Spyridon Tegos est professeur assistant de philosophie moderne à l’université de Crète, Grèce. Il a effectué des séjours de recherche en Ecosse (Institute for Advanced Studies in the Humanities, Edinburgh), aux USA (Harvard, Princeton) et en France en tant que professeur invité (E.N.S. Lyon, Paris II Panthéon-Assas, E.H.E.S.S Paris). Son projet de recherche porte sur une généalogie des sentiments sociaux dans la modernité tout particulièrement au regard des manières et des mœurs dans les Lumières écossaises et françaises. Il s’intéresse également au développement d’une anthropologie philosophique au croisement de l’histoire de la philosophie, l’histoire des idées et les sciences sociales.
Durant son séjour il a travaillé sur un essai portant sur les principaux courants des Lumières. Il a abordé notamment la civilité et sa réception en France dans les Lumières finissantes, avant et après la Révolution, dans le cadre d’une généalogie des manières de la classe moyenne en Europe.
Louis-Philippe Dalembert, Olivier Dhénin et Michaël Ferrier
La Fondation des Treilles accueille en 2018 Louis-Philippe Dalembert, pendant 4 mois, pour un roman sur les migrations Sud-Nord ; Olivier Dhénin, durant 2 mois, pour l’achèvement de sa trilogie L’Ordalie ; Michaël Ferrier, également pendant 2 mois, pour la rédaction d’un essai sur ce qu’il nomme les « catastrophes furtives ».
Louis-Philippe Dalembert
Louis-Philippe Dalembert est né à Port-au-Prince, Haïti. Poète, nouvelliste, romancier et essayiste, il a vécu tour à tour à Port-au-Prince, Nancy, Paris, Rome, Jérusalem, Florence, Berlin, Milwaukee, Berne, voyagé partout où ses pas ont pu le porter… dans l’écho toujours renouvelé de la terre natale.
Ancien pensionnaire de la Villa Médicis à Rome, chevalier des Arts et des Lettres, son travail a été récompensé par plusieurs autres distinctions dont le Berliner Künstlerprogramm des DAAD, Prix orange du livre 2017, finaliste Prix Médicis et Grand Prix du roman de l’Académie française 2017… Ses livres sont traduits en allemand, italien, espagnol, portugais, anglais, danois, serbe…
Louis-Philippe Dalembert est par ailleurs diplômé de l’École normale supérieure de Port-au-Prince, diplômé de l’École supérieure de journalisme de Paris et auteur d’une thèse de doctorat en littérature comparée sur l’écrivain cubain Alejo Carpentier (université de Paris III-Sorbonne Nouvelle).
Certains de ses ouvrages parus sont : Avant que les ombres s’effacent (Sabine Wespieser éditeur, 2017), Ballade d’un amour inachevé (Mercure de France, 2013), En marche sur la terre (poésie, Bruno Doucey, 2017).
Louis-Philippe Dalembert, qui écrit dans les deux langues de son pays natal : le français et le créole, vit aujourd’hui entre Paris, Port-au-Prince et ailleurs.
Pendant sa résidence, il a travaillé sur un roman qui aborde le thème de la migration : Mur Mediterranée, paru chez Sabine Wespieser, qui a obtenu le “Prix de la Langue Française” 2019.
Olivier Dhénin
Poète, dramaturge et metteur en scène, Olivier Dhénin partage sa vie entre Paris et Rochefort, après avoir vécu à New York et Rome. D’une mère saïgonnaise et d’un père arrageois décédé quand il était adolescent, il aborde l’écriture et le théâtre comme le lieu de l’être, de la mémoire et de l’ailleurs.
Parallèlement à des études de littérature à l’Université de Paris VII, il poursuit une formation musicale au Conservatoire national de région d’Amiens qui le conduira à officier à la coordination artistique du Théâtre du Châtelet de 2006 à 2008. Il crée ensuite sa compagnie de théâtre et art lyrique Winterreise avec laquelle il met en scène Maeterlinck, Rilke, Mahler, Britten, Debussy et récemment L’Île du rêve de Reynaldo Hahn à l’Athénée Théâtre Louis-Jouvet à Paris et L’Enfant et les Sortilèges de Ravel au Théâtre de la Coupe d’Or à Rochefort.
Son œuvre littéraire est essentiellement théâtrale : après Ellénore, drame lyrique qui s’inspirait du “Sturm und Drang”, il écrit Andreas/Maelström d’après Hans Christian Andersen, Ricercare, Cendres, les Feuillets d’Audelin, La Cantate de Tristan de Loonois. L’œuvre d’Alain-Fournier fait l’objet de plusieurs réécritures afin de former un triptyque pour la scène : La Fête étrange, Les Gens du Domaine sans nom, Le Pays en hiver et dont la première version fut créée pour les Célébrations nationales du Centenaire du Grand Meaulnes en 2013. Cordelia-requiescat d’après Le Roi Lear est écrite pour le Printemps des Poètes et représentée au Théâtre de Belleville pour les 400 ans de Shakespeare en 2016.
Deux voyages en Arctique en 2013 et 2014 donnent naissance à une réflexion sur l’inconnu et la quête de l’ailleurs à travers Unalaska, récit/prose/poésie. Un tombeau poétique inédit en mémoire de son père disparu en 2000 est initié lors d’un voyage à Moscou en 2011 et achevé à Delft en 2013. En 2015 est publié un recueil de psaumes Le Livre d’heure d’Aaron Däsler (éditions “les petites allées”).
En 2016, Olivier Dhénin est résident à la Villa Médicis – Académie de France à Rome.
Durant sa résidence aux Treilles, Olivier Dhénin a travaillé à l’achèvement du troisième volet de sa trilogie L’Ordalie, trilogie familiale dont chaque partie est séparée de dix années. Le premier volet, Ricercare, en est la pièce centrale. Le deuxième, Cendres, se déroule dix ans avant ; le troisième, Waldstein, dix ans après. Ce temps écoulé vise à suivre l’évolution de personnages confrontés à la tragédie. Il a également mis à profit le temps passé en résidence pour créer une exposition : “L’atelier d’Olivier Dhénin”. [lien vers l’exposition]
Michaël Ferrier
Michaël Ferrier est né à Strasbourg. Il a passé son enfance en Afrique (Tchad, Cameroun, Niger) et dans l’Océan indien (Madagascar, Réunion, Maurice), dont sa famille paternelle est originaire. Après des études à l’Ecole Normale Supérieure, une agrégation de Lettres et un doctorat sur « La chanson dans l’œuvre de Céline (du Grand Opéra à la chanson populaire, en passant par l’opérette, l’opéra-comique, l’opéra bouffe, la féerie et autres fredaines… de quelques oreilles que la poétique célinienne prête aux formes chantées », Ed. du Lérot, 2004), il part au Japon où il devient professeur à l’université Chuo de Tokyo et dirige le centre de recherches “Figures de l’Etranger”, sur les représentations de l’altérité dans les sociétés contemporaines.
Romancier et essayiste, il a publié notamment Tokyo, petits portraits de l’aube (2004), Sympathie pour le Fantôme (2010, prix littéraire de la Porte dorée), Fukushima, récit d’un désastre (prix Edouard Glissant 2012), Mémoires d’outre-mer (prix Franz-Hessel 2015), et François, portrait d’un absent (Prix Décembre 2018), tous parus aux éditions Gallimard.
Durant sa résidence à la Fondation des Treilles, Michaël a travaillé à un essai sur ce qu’il nomme les « catastrophes furtives », catastrophes non spectaculaires et possédant un régime de temporalité tout à fait spécifique (par exemple : la contamination radioactive), qui font aujourd’hui irruption dans des cadres épistémologiques qui n’ont pas été pensés pour elles et se trouvent mal configurés pour les appréhender. Il a également commencé à rédiger un roman Scrabble, dans lequel il évoque son enfance au Tchad et sa découverte – quasi-simultanée – de la guerre et de l’écriture. Le livre est paru aux éditions Mercure de France et a fait partie de la sélection des Prix Renaudot, Médicis et Femina 2019.
Benjamin Pelletier, Emmanuel Ruben, Pascale Roze
La Fondation des Treilles a accueilli en 2017 Benjamin Pelletier pour une résidence de 3 mois pour un récit proposant une exploration littéraire de l’enfance, Emmanuel Ruben qui a obtenu également une résidence de 3 mois pour une fiction portant sur la découverte de l’Histoire de la France et de l’Europe, et Pascale Roze en résidence pendant 2 mois pour la rédaction d’un roman.
Benjamin Pelletier
Les Editions de l’Olivier ont publié ses deux premiers livres: La Mère des batailles en 2004 et A travers sables en 2009. Son livre suivant, Toujours plus à l’Est, publié aux éditions Picquier en 2016, s’inspire de ses différents séjours en Corée du Sud. Benjamin Pelletier est né en 1975. Après des études de philosophie à Toulouse, il enseigne la langue et la culture françaises en Arabie Saoudite et en Corée du Sud. Il a ensuite suivi un Master en intelligence économique et a travaillé pour différentes entreprises avant de se spécialiser dans la formation au management interculturel. Il enseigne dans de nombreuses écoles et intervient régulièrement en tant que conférencier.
Le projet de sa résidence aux Treilles visait à explorer l’enfance à travers un récit d’apprentissage en évitant la nostalgie du paradis perdu, la confession nombriliste de l’intimité ou le pathos du drame familial. Il s’agit plutôt de l’enfance banale et anonyme qui nous accompagne et dure toute la vie, de « l’enfance retrouvée à volonté » chère à Baudelaire ou de cette « enfance permanente » que Gaston Bachelard place au cœur du dynamisme de la poésie. Son livre, Les Années discrètes, est paru aux éditions Arléa en 2018.
Emmanuel Ruben
Emmanuel Ruben est né en 1980 à Lyon. Ancien élève de l’École normale supérieure et de l’INALCO (Institut National des Langues et Civilisations Orientales), agrégé de géographie, il effectue de nombreux séjours à l’Est de l’Europe et au Proche-Orient. Il est l’auteur d’une dizaine de livres – romans géopolitiques, récits d’arpentage, essais au croisement des arts, de la littérature et de la géographie – qui interrogent les frontières de l’Europe dans les paysages comme sur les cartes. En septembre 2014, son roman La Ligne des glaces (Payot & Rivages), premier épisode d’une suite européenne, est sélectionné pour le Prix Goncourt.
En juin 2016, il entreprend une traversée de l’Europe à vélo, d’Odessa à Strasbourg. Pendant sa résidence à la fondation des Treilles, il a rédigé Sur la route du Danube (Payot & Rivages), livre inspiré de cette traversée, qui a obtenu en 2019 le prix Nicolas-Bouvier, le prix Amerigo-Vespucci, et le grand prix Sport & Littérature.
Depuis septembre 2017, il dirige la Maison Julien Gracq, un lieu culturel situé sur les bords de la Loire, entre Nantes et Angers, qui accueille en résidence des écrivains du monde entier.
Pascale Roze
Pascale Roze est née au Vietnam en 1954. Son père est officier de marine, sa mère d’une famille établie dans le commerce avec l’Indochine. Son grand-père a vécu vingt ans en Cochinchine, il a été maire de Cholon. Elle fait en France des études de Lettres et de théâtre. De 1983 à 1993, elle travaille avec le metteur en scène Gabriel Garran au Théâtre de la Commune d’Aubervilliers et au Théâtre international de langue française, chargé de promouvoir le répertoire francophone.
Elle publie son premier livre en 1994, un recueil de nouvelles intitulé Histoires dérangées, où l’on sent l’influence de Marguerite Duras. Depuis, elle se consacre à sa propre écriture et à l’animation d’ateliers en milieu scolaire, professionnel, carcéral. En 1996, son premier roman, Le Chasseur Zéro, obtient le Prix du Premier roman et le Prix Goncourt. Elle publie ensuite deux autres romans : Ferraille et Parle-moi, deux récits : Lettre d’été, lettre-méditation adressée à Léon Tolstoï et Un homme sans larmes, dialogue intime avec le poète épicurien Horace, L’Eau rouge, un roman situé dans la Guerre d’Indochine, Itsik, roman qui raconte la vie et la mort d’un Juif polonais pendant la Deuxième Guerre mondiale, Aujourd’hui les cœurs se desserrent, puis Passage de l’amour, dans lequel elle propose de subtiles variations sur l’amour à travers des nouvelles rythmées par la lutte d’un couple contre la maladie et, enfin, Lonely Child. Le heurt entre destin personnel et Histoire est un de ses thèmes d’inspiration.
Elle a longtemps tenu une chronique sur l’actualité littéraire étrangère sur France-Inter (jusqu’en juin 2010) dans l’émission de Paula Jacques, “Cosmopolitaine”.
Pascale Roze partage sa vie entre Paris et un petit village de Bourgogne. Son livre, La Belle Hélène, est paru en 2020 aux Editions Stock. Elle y raconte la vie d’Hélène Bourguignon, professeure à Sciences Po, veuve, libre, solitaire et lumineuse et y évoque des lieux : Paris, la Bourgogne, la Corse…
Catherine Mary, Kettly Mars, Nils Trede
La Fondation des Treilles a accueilli en 2016 Catherine Mary pendant 3 mois, pour un roman autobiographique portant sur la redécouverte de l’histoire familiale, Kettly Mars pendant 3 mois, pour un roman sur le thème du Vaudou, et Nils Trede, pendant 2 mois, pour une fiction inspirée par le procédé biotechnologique de reprogrammation d’une cellule différenciée en cellule souche pluripotente.
Catherine Mary
Catherine Mary est journaliste et écrivaine. Au centre de ses réflexions se trouve la question du point de vue minoritaire rendu invisible par la norme d’un groupe social avec en filigrane la question politique de la coexistence des récits. Depuis 2012, elle contribue régulièrement au supplément “Science et médecine” du journal Le Monde et au journal Le Temps (Suisse). Docteur en virologie de formation, et également titulaire d’une licence d’histoire de l’art, elle s’intéresse à la manière dont se construit et s’utilise le savoir scientifique dans le monde contemporain. Elle traite de sujets liés à la définition de la folie, à la bioéthique, ou encore de sujets à la frontière entre l’art, la science, l’anthropologie ou la philosophie. Dans Craie et tableau noir, matières à penser (Le Monde, 2014), elle a ainsi sondé le rapport des mathématiciens au tableau noir pour comprendre la fonction de cet objet iconique dans la création mathématique. Dans L’habit en psychiatrie, reflet de nos hésitations (Le Temps, 2016), elle explore le lien entre l’habit du fou et les représentations de la folie. Dans Race : la génétique face à ses démons (Le Monde, 2018), elle sonde les impensés du discours de la génétique contemporaine pour révéler la manière dont ils contribuent à la rebiologisation de la notion de race.
Elle a également longtemps travaillé dans le domaine de la santé publique, en tant qu’analyste des politiques de contrôle des épidémies. Suite à la pandémie de grippe H1N1, elle a notamment alerté sur le risque pour les démocraties de la perte de confiance envers les experts médicaux, dans deux tribunes publiées dans Le Monde. Elle est également l’auteure en 2011, d’un portrait de référence de l’infectiologue Didier Raoult. En tant qu’écrivaine, elle est l’auteure de Le Gros (Color Gang 2011).
Elle a été lauréate du Prix Résidence d’auteur de la Fondation des Treilles pour l’année 2016 pour une autofiction explorant le thème de la violence intrafamiliale et de l’emprise sectaire. Croisant enquête, exploration de sa mémoire familiale et travail sur sa mémoire traumatique, elle questionne les ressorts de la violence au sein de la famille, dans un contexte d’embrigadement sectaire.
Kettly Mars
Kettly Mars est née et vit à Port-au-Prince, Haïti. Elle est reconnue comme l’un des écrivains haïtiens les plus lus, avec ses romans plongeant souvent dans des univers extrêmement controversés mais qui sont toutefois au cœur du passé et du présent d’Haïti. Elle explore dans ses romans, nouvelles et feuilletons les facettes multiples de son pays et les contradictions de son histoire singulière. Après une carrière de plus de trente années dans l’administration de haut niveau dans son pays, elle se consacre aujourd’hui entièrement à l’écriture. L’auteur participe à des manifestations culturelles et des publications collectives en Haïti et à l’étranger. Kettly Mars a reçu plusieurs distinctions littéraires et a été traduite en anglais, italien, allemand, néerlandais, japonais, danois, croate. Elle est présidente du jury du prix littéraire “Henri Deschamps” d’Haïti, ex-membre du jury international du prix Prince Claus des Pays Bas, et depuis 2018 directrice du Centre PEN-Haïti.
Elle a publié plusieurs romans : Kasalé (2003), L’heure hybride (2005), Fado (2008), Saisons sauvages (2010), Aux frontières de la soif (2012), Je suis vivant (2015).
Pendant sa résidence elle a travaillé sur un roman qui présente un miroir de la société haïtienne contemporaine : L’Ange du patriarche, paru en 2018 aux éditions Mercure de France.
Nils Trede
Nils Trede est né en 1966 à Heidelberg, en Allemagne. Il s’est installé à Paris en 1996 où il a effectué une grande partie de ses études et où il a exercé la profession de médecin généraliste dans un cabinet de l’Est parisien. Pendant plusieurs années il a fait des remplacements dans diverses régions à travers la France. Depuis 2009 il vit à Strasbourg. Il est employé à l’Etablissement Français de Sang et dans un établissement de médecine préventive à l’Université de Strasbourg. Nils Trede anime régulièrement des ateliers d’écriture auprès d’adultes et en milieu scolaire. Il rédige occasionnellement des scénarios courts pour l’émission culturelle franco-allemande Karambolage sur Arte.
Considérant le monde et l’espèce humaine comme des entités complexes et mystérieuses qui ne se limitent pas à une approche rationnelle, les personnages de Nils Trede avancent dans l’obscurité au lieu de marcher droit au but à la lumière du jour, tentant toutefois de prendre la mesure des incertitudes qui les entourent. Le thème central de Nils Trede est sans doute l’individu placé dans la société, la question de la possibilité de liberté pour une personne exposée aux regards, aux jugements, aux habitudes de ses semblables. Dans son projet d’écriture actuel pour lequel il est soutenu par la Fondation des Treilles et la Villa Marguerite Yourcenar, Nils Trede s’intéresse à notre monde contemporain qui impose à l’individu une mutation identitaire continuelle.
A ce jour, Nils Trede a publié deux romans : La vie pétrifiée paru en 2008 chez Quidam éditeur et Le nœud coulant, paru en 2012 aux éditions Les impressions nouvelles.
Patrick Autréaux, Mamadou Ly et Marc Pautrel
La Fondation des Treilles a accueilli en 2015 Patrick Autréaux, pendant 2 mois, pour un essai sur la place de la littérature dans une époque turbulente, Mamadou Ly, pendant 4 mois, pour un essai sur André Malraux et la poésie, et Marc Pautrel pendant 2 mois pour un roman, Ozu, en référence au cinéaste japonais.
Patrick Autréaux
Patrick Autréaux est né en 1968. Parallèlement à des études de médecine et d’anthropologie, il écrit de la poésie et des critiques d’art contemporain. Il décide d’arrêter sa pratique de psychiatrie d’urgence en 2006. L’expérience de la maladie comme expérience intérieure est le thème d’un cycle d’écriture achevé avec Se survivre (Éditions Verdier). Il a publié, aux Éditions Gallimard, Dans la vallée des larmes, Soigner, Le Dedans des choses (récits). Et chez ce même éditeur en 2015, Les Irréguliers (roman). Pendant l’été 2015 a été programmée au festival d’Avignon sa pièce de théâtre, Le grand vivant, mise en scène et avec Thierry Thieû Niang et Vincent Dissez. Il a été lauréat de la Villa Yourcenar, de la bourse Paris-Québec et du Prix Amic de l’Académie française.
L’objectif du projet sur lequel il a travaillé aux Treilles était d’interroger la place possible de la littérature dans « les temps de malheur » – ce qui résiste et soutient au milieu des ruines. Son livre : La voix écrite est paru aux éditions Verdier en 2017.
Mamadou Ly
Mamadou Abdoulaye Ly est né au Sénégal en 1978. Après avoir fréquenté l’Université Gaston Berger de Saint-Louis et l’Université Cheikh Anta Diop de Dakar, il a poursuivi ses études à l’Université Lyon 2 et à l’Université Lyon 3. Il a également enseigné la littérature française à l’Université de Limerick en Irlande entre 2010 et 2011 puis à l’Université du Yunnan en Chine entre 2011 et 2014 et fait partie des chercheurs associés au Groupe de recherches sur le manuscrit francophone du CNRS. Il est aussi l’auteur d’un essai sur La Théâtralité dans les romans d’André Malraux paru chez L’Harmattan en 2012 et de plusieurs articles scientifiques sur la littérature française des XIXe et XXe siècles publiés dans d’importantes revues universitaires comme la Revue André Malraux review, l’Australian Journal of French Studies ou la Revue d’Histoire littéraire de la France et dans le blog de Pierre Assouline.
Lauréat de la Fondation des Treilles en 2015, il a consacré sa résidence à l’écriture d’un essai : Malraux et la poésie, paru en 2016 aux éditions l’Harmattan (coll. Approches Littéraires).
Marc Pautrel
Marc Pautrel est né en 1967. Après des études de droit, il a décidé de se consacrer à l’écriture. Il a reçu le Prix littéraire d’Aquitaine en 2010 et a été lauréat des Missions Stendhal en 2012. Il est l’auteur d’un recueil de récits, Le Métier de dormir (Ed. Confluences, 2005), d’une autobiographie fictionnelle, Je suis une surprise (Ed. In8, 2009), et de quatre romans parus aux Éditions Gallimard dans la collection de Philippe Sollers, « L’Infini » : L’homme pacifique (2009), Un voyage humain (2011), Polaire (2013) et Orpheline (2014).
Pendant sa résidence de 2 mois aux Treilles, il a travaillé sur son roman, Ozu, paru aux éditions Louise Bottu en 2015. Dans ce livre, Marc Pautrel se glisse dans l’œil vif du réalisateur du Voyage à Tokyo. Il écrit sa vie, ses passions, ses drames, ses doutes, ses pertes, ses fleurs, son travail. Ozu est une immersion dans la vie du cinéaste et dans la lumière de ses films, qui ne cessent eux aussi de fleurir à chaque nouveau printemps.
Olivier Bessard-Banquy et Patrice Nganang
La Fondation des Treilles a accueilli en 2014 Olivier Bessard-Banquy pendant 4 mois, pour un livre sur l’édition, et Patrice Nganang, pendant 4 mois également, pour un livre sur la guerre civile au Cameroon.
Olivier Bessard-Banquy
Docteur ès lettres, Olivier Bessard-Banquy est professeur des universités, spécialiste des lettres et de l’édition contemporaines, en charge des enseignements d’édition et de bibliologie au Pôle des métiers du livre de l’université de Bordeaux-III. Ancien éditeur, il collabore avec diverses maisons d’édition parisiennes. Il a coécrit une partie du volume sur le centenaire de la NRF paru en 2011 chez Gallimard (Gallimard 1911-2011, un siècle d’édition) et a donné en 2012 un essai en poche, L’Industrie des lettres, paru dans la série Agora chez Pocket. Il a travaillé pour cette même maison à un essai sur le livre au XXe siècle à partir des archives d’éditeurs déposées à l’IMEC où il est chercheur associé.
Aux Treilles, il a pu avancer dans l’élaboration de ce livre par l’étude des fonds du centre André Gide-Jean Schlumberger qui possède de nombreux documents inédits du célèbre cofondateur de la NRF et un fonds très riche de documents transmis par l’ancien archiviste de la maison Gallimard. Le résultat de ce travail de recherche : La fabrique du livre, paru en 2016 aux éditions des Presses universitaires de Bordeaux & Du Lérot.
Patrice Nganang
Né au Cameroun en 1970, Patrice Nganang est écrivain et professeur de théorie littéraire à l’Université d’état de New-York.
Auteur de plusieurs essais et fiction, il a travaillé sur un nouveau roman, troisième séquence d’une trilogie dénommée “Trois Guerres” commencée avec Mont plaisant (Philippe Rey, 2011 ; Mention spéciale du prix des Cinq continents de la francophonie, traductions en allemand, norvégien et portugais), continuée avec La Saison des prunes (Philippe Rey, parution en mars 2013), qui présente des vies camerounaises durant les périodes tumultueuses de l’histoire de ce pays, et explore la mesure dans laquelle celles-ci ont été définies par les Grandes guerres : Première Guerre mondiale pour Mont plaisant ; Deuxième Guerre mondiale pour La Saison des prunes ; pour le troisième volet, la Guerre civile qui secoua le Cameroun de 1958 à 1971, et fut marquée par le maquis dont le souvenir définit encore le présent camerounais de façon douloureuse.
L’enjeu est de présenter la guerre moins comme le moyen d’un argument politique, que comme un moment durant lequel les Africains et les Européens se sont retrouvés dans une aventure violente qui les a tous changé. La guerre apparaît ainsi comme un tissu qui aura lié les Africains au globe, comme le moment de production d’une culture nouvelle, même si elle s’est déroulée de manière brutale. Son livre Empreintes de crabe est paru aux éditions JC Lattès.
François Jullien et Álvaro de la Rica
La Fondation des Treilles a accueilli en 2013 François Jullien pendant 4 mois, pour un livre sur “l’esprit” d’un paysage, et Álvaro de la Rica, pendant 3 mois, pour un ouvrage sur l’expérience de la guerre vécue par un groupe d’écrivains franco-espagnols à la frontière basque.
François Jullien
Ancien élève de l’École normale supérieure de la rue d’Ulm et agrégé de l’Université, François Jullien a étudié aux Universités de Pékin et Shanghai et a été responsable de l’Antenne Française de sinologie à Hong-Kong entre 1978-1981. Directeur du Centre Marcel Granet, Directeur de l’Institut de la pensée contemporaine (2002-2011), il est dorénavant professeur à l’Université Paris-Diderot. Il s’intéresse à la Philosophie générale et à la pensée chinoise ainsi qu’aux problématiques inter-culturelles.
Lors de sa résidence aux Treilles, il a repris la question de « l’esprit d’un paysage », en tirant parti des écarts entre pensée chinoise et européenne.
Dans la pensée comme dans la peinture chinoise, le paysage est conçu, non de façon perceptive, mais, comme traditionnellement en Chine, à partir de la polarité des énergies : shan-shui, « les montagnes et les eaux » : le Haut et le Bas, ce qui est immobile et ce qui est mobile, ce qui a forme (la montagne) et ce qui est sans forme (l’eau), etc. C’est-à-dire que le « paysage », en Chine, loin de se laisser concevoir comme un fragment de pays soumis à l’autorité du regard et délimité par son horizon, est compris à partir de la globalité fonctionnelle d’éléments qui s’opposent en se répondant.
Dans son ouvrage paru en 2014, Vivre de Paysage ou l’impensé de la raison, Gallimard, NRF, (coll. Bibliothèque des Idées), il retraverse la littérature chinoise consacrée au paysage, ainsi que celle des Arts de peindre de la Chine ancienne, pour essayer de mieux comprendre ce qu’on peut appeler l’« esprit » d’un « paysage ».
Álvaro de la Rica
Álvaro de la Rica,né en 1965, est Professeur de théorie de la littérature et de littérature comparée à l’Université de Navarre, Espagne.
Biographe de Julien Green, il a publié entre autres La luz y la mirada. Aproximación a la autobiografía de Julien Green (Eunsa, Pamplona, 1993), En lo más profundo del bosque. La juventud de Julien Green (Encuentro, Madrid, 1999), Estudios sobre Claudio Magris, (Eunsa, Pamplona, 2000), Homenaje a José Jiménez Lozano (Eunsa, Pamplona, 2006), et une monographie Kafka y el Holocausto (Trotta, Madrid, junio 2009) traduite et publiée chez Gallimard (col. Arcades) en 2014. Critique littéraire dans les journaux “ABC”, “El Mundo” et “La Vanguardia” (Barcelone), il collabore entre autres avec “la Revista de Occidente” fondée para Ortega y Gasset. Il a publié en 2012 La tercera persona, son premier roman.
Au cours de son séjour à la Fondation des Treilles, il a travaillé sur l’expérience commune d’un ensemble d’écrivains français et espagnols autour de la frontière basque pendant la première moitié du XXe siècle. Il s’agit d’une première analyse sur leurs vicissitudes entre l’expérience de la guerre (Première Guerre Mondiale, Guerre Civile espagnole, Deuxième Guerre Mondiale) et de l’exil, et la recherche d’une forme littéraire à mi-chemin entre jeu et tragédie:
“Je commencerai par l’étude du roman de Miguel de Unamuno : Comment se fait un roman. Cette œuvre, que le philosophe basque a écrite pendant son exil à Paris, est la première tentative d’inclure un élément métadiscursif explicite dans le genre narratif européen. Très vite, la quête unamunesque a été reconnue en France pour sa valeur littéraire et anthropologique, et a initié un dialogue à la fois artistique, politique et existentiel entre un nombre significatif d’intellectuels des deux pays qui ont passé une partie de leur vie au pied des Pyrénées. Ma recherche suit ce fil extraordinaire qui s’est tissé entre des écrivains et artistes comme Bergamín, Malraux, Jules Supervielle, Claude Esteban, Pablo Palazuelo, Eduardo Chillida, Martin Heidegger, Valéry Larbaud, Florence Delay et Ramón Gomez de la Serna pendant les décennies de crises et de ruptures politiques qui ont fait l’histoire du siècle passé”.
Son livre, Órdago, un paseo por la frontera vasca del Pirineo, est paru aux éditions Vaso Roto en 2019.
Daniel Grojnowski et Nathalie Zaccaï-Reyners
La Fondation des Treilles a accueilli en 2012 Daniel Grojnowski pendant 2 mois, pour un livre sur “l’esprit” des paysages, et Nathalie Zaccaï-Reyners, pendant 3 mois, pour des recherches sur la qualité des relations de soin.
Daniel Grojnowski
Né en 1936, Daniel Grojnowski est professeur émérite à l’Université Paris VII, Denis Diderot (U.F.R. Lettres, Arts, Spectacles). Il a publié quelques recueils (poésies, nouvelles) et un certain nombre d’éditions d’auteurs classiques, notamment A. Allais, J.-K. Huysmans, J. Laforgue, G. Rodenbach, dans la collection G-F de Flammarion, pour laquelle son une édition du “Rire de Bergson” est paru en 2013. Écrivain essayiste, il s’est consacré tout particulièrement à deux secteurs qui ont fait l’objet de publications :
1. La photographie : Photographie et langage (José Corti, 2002) – Usages de la photographie (José Corti, 2010) – Photographie et croyance (La Différence, 2012).
2. Les productions comiques : Aux commencements du rire « moderne » (José Corti, 1997) – Comiques, d’Alphonse Allais à Charlot (Septentrion, « Objet », 2004) – Fumisteries, anthologie, en collaboration avec B. Sarrazin (Omnibus, 2011).
Autres parutions : Album zutique, G-F, 2016 (avec Denis Saint Amand), L’imaginaire de la prostitution, Hermann, 2017 (avec Mireille Dottin-Orsini), Huysmans, Moreau, Salomé. La fin du “moderne” (Septentrion, 2020), Marcel Duchamp, caricaturiste de presse (Marguerite Waknine, 2020).
Au cours de son séjour à la Fondation des Treilles, il a travaillé sur la consécration du rire dans l’art plastique moderne et contemporain (Dada, Le Nouveau Réalisme, etc.). Son ouvrage Les arts incohérents et le rire dans les arts plastiques, paru aux éditions Corti, porte sur les manifestations fondatrices des Arts Incohérents qui se sont déroulées, sous la direction de Jules Lévy, à la fin du XIXe siècle, à Paris, dans le cadre d’expositions annuelles, de 1881 à 1892.
Nathalie Zaccaï-Reyners
Docteur en sciences sociales, Nathalie Zaccaï-Reyners est chercheure qualifiée au Fonds de la Recherche Scientifique belge. Elle poursuit ses activités à l’Institut de Sociologie de l’Université Libre de Bruxelles dont elle a assumé la direction de 2008 à 2011. Membre du Groupe de recherche sur l’Action Publique, ses recherches s’inscrivent dans deux domaines : la sociologie morale et l’épistémologie des sciences sociales.
Au cours de son séjour à la Fondation des Treilles, elle a poursuivi ses recherches sur le respect mutuel et la qualité des relations de soin dans des institutions d’accueil pour personnes vulnérables, s’attachant à poursuivre son exploration des ressorts de l’imagination morale au cœur du soin.
Jacques Dewitte
En 2011, la Fondation des Treilles accueille Jacques Dewitte pendant 8 mois, lauréat unique pour l’année 2010.
Philosophe, traducteur et écrivain, Jacques Dewitte, né à Bruxelles en 1946, partage actuellement sa vie entre Berlin et Bruxelles. Se situant philosophiquement dans la tradition phénoménologique et herméneutique, soucieux des questions politiques autant qu’amoureux des formes sensibles, il est l’auteur d’une oeuvre importante qui s’est d’abord élaborée dans des revues telles que “Le Temps de la réflexion”, “Le Messager Européen”, “Les Temps Modernes”, “Critique, Commentaire, Esprit, La Revue du Mauss”, avec des articles portant sur des sujets aussi divers que le nihilisme, la question du mal, le vivant, l’architecture urbaine, le paysage, le langage, l’opéra, l’art, la littérature.
Il a notamment traduit deux livres de Leszek Kolakowski et plusieurs ouvrages allemands.
Il a publié plusieurs livres : Le pouvoir de la langue et la liberté de l’esprit, Essai sur la résistance au langage totalitaire (Michalon, 2007) ; L’exception européenne. Ces mérites qui nous distinguent, (Michalon, 2008) ; La manifestation de soi. Eléments d’une critique philosophique de l’utilitarisme (La Découverte, collection Bibliothèque du “MAUSS“, 2010). Kolakowski. Le clivage de l’humanité, (Michalon, collection “Le Bien Commun” 2011), Le mythe chez Hans Jonas : Une discordance flagrante (Alter, revue de phénoménologie, openeditions), Essai sur les méfaits et bienfaits de l’inconséquence (archives des sciences sociales et religions, ASSR, openeditions).
Pendant son séjour à la Fondation des Treilles en 2011, il a travaillé sur un ouvrage sur le thème du langage, des langues et de la parole.
Rosette et Sami Tchak
La Fondation des Treilles a accueilli en 2011 Rosette pendant 4 mois, pour écrire un roman sur son parcours sentimental, et Sami Tchak, pendant 3 mois, pour un livre évoquant la sagesse de son père.
Rosette
Rosette est née à Cherbourg dans la Manche. Après des études à Caen, elle vient à Paris pour débuter une carrière d’actrice. Depuis les années 1980, elle a joué trois pièces au théâtre, dans une dizaine de téléfilms à la télévision et surtout différents rôles dans une trentaine de films au cinéma.
Avec le réalisateur Eric Rohmer, elle a noué une relation privilégiée et elle sera présente dans six de ses œuvres. C’est aussi lui qui réalisera le clip de la chanson « Bois ton café, il va être froid » qu’elle crée en 1986. Parallèlement à son travail de comédienne, Rosette réalise une série de sept courts-métrages où elle met en scène ses aventures de fantaisie.
En 2008, son premier roman Le grand méchant père est publié chez Grasset et décrit, entre féerie et réalité, l’expérience sensible d’un tourment et d’une histoire.
En 2010, elle est résidente de la Fondation des Treilles pour écrire son deuxième roman introspectif et ouvert : Pas farouche, paru aux éditions Grasset.
Sami Tchak
Sami Tchak, pseudonyme de Sadamba TCHA-KOURA, écrivain, est né au Togo en 1960. Après une licence de philosophie obtenue à l’université de Lomé, capitale de son pays, en 1983, il enseigne dans un lycée pendant trois ans. Il arrive en France en 1986 pour des études en sociologie et obtient son doctorat à la Sorbonne (Paris V) en 1993.
C’est dans le cadre de ses activités de sociologue que le hasard le conduira à Cuba en 1996 pour sept mois de recherches sur la prostitution. Par la suite, il nourrit une passion pour l’Amérique latine et ses littératures, ce qui se ressent dans une partie de ses livres. Il a publié à ce jour quatre essais et six romans dont Place des Fêtes (Gallimard, 2001, traduit en espagnol et en allemand) et Le paradis des chiots (Mercure de France, 2006, prix Kourouma). Depuis quelques années, il se consacre à la littérature, ce qui lui donne l’occasion de voyager à travers le monde.
Pendant son séjour aux Treilles, il a travaillé sur son livre, Ainsi parlait mon père, éditions JC Lattès. C’est en effet dans la forge de son père qu’a commencé son éducation. Le charbon, les soufflets, le feu, l’enclume, le fer rougi et le marteau ont précédé les pages et la plume. Et surtout les histoires de son père. Ce dialogue, cette écoute, a duré plus de quarante ans et ne s’est interrompu que par la mort du père en 2003 mais il continue à entendre sa voix, à percevoir ses mots et sa sagesse. Ces pages sont un fragment des histoires de cet homme qui disait à son fils : « Tu m’écoutes et tu tries. Tu m’écoutes et du tamises mes mots. Il en restera juste des miettes, donc l’essentiel ».
Hélène Prigent et Marie le Drian
En 2009, la Fondation des Treilles a accueilli les premières lauréates du prix de la résidence d’auteur : Marie Le Drian et Hélène Prigent.
Marie Le Drian
Marie Le Drian est née à Lanester (Morbihan). Elle fait ses études à Rennes, puis travaille à Paris durant plusieurs années. Elle publie son premier récit Keraliguen en 1983. Suivront des nouvelles et des romans dont Le Petit bout du L (Laffont) et Hôtel maternel (Julliard). En 1999, elle obtient une bourse du Canton de Berne (Suisse) et passe une année dans la ville bilingue de Bienne, durant laquelle elle écrit La Cabane d’Hippolyte, qui a obtenu le Prix Bretagne 2001 et le Prix Breizh du roman 2001. A son retour en France, elle quitte Paris et s’installe définitivement en Bretagne, à Clohars-Carnoët Finistère) où elle se consacre à l’écriture. Attention éclaircie, l’un de ses romans, a été publié en 2007 aux Éditions de la Table Ronde.
Marie Le Drian a bénéficié d’une résidence d’écriture de la Fondation des Treilles où elle a séjourné pendant quatre mois. Son livre, Le corps perdu de Suzanne Thovers, éditions Apogée, collection « Piqué d’étoiles », a obtenu le prix Jean Bernard de l’Académie de Médecine 2014. À petits pas fragiles, avec des pointes d’humour pince-sans-rire, elle s’attarde sur les choses simples d’un quotidien dévasté par la dépression.
Hélène Prigent
Hélène Prigent a travaillé à la Réunion des Musées Nationaux pendant douze ans. Assistante de Jean Clair pour la préparation de l’exposition Mélancolie. Génie et folie en Occident, présentée à Paris, en 2005, aux Galeries nationales du Grand Palais, elle est l’auteur de Mélancolie. Métamorphoses de la dépression, publié aux éditions Gallimard (collection « Découvertes ») la même année. Elle a participé à plusieurs colloques sur ce sujet et prépare un ouvrage sur la mélancolie dans l’Antiquité grecque, raison de son séjour à la Fondation des Treilles au printemps 2009.
Elle a aussi publié un petit livre, Paul Gauguin : 1848-1903 (autre titre : « J’ai voulu vouloir » – Paul Gauguin), aux éditions de La Martinière – Xavier Barral (collection « Voix », 2003), et collaboré à plusieurs ouvrages collectifs parmi lesquels le Journal de la France et des Français. Chronologie politique, culturelle et religieuse, de Clovis à 2000 (éditions Gallimard, collection « Quarto », 2001) et, avec Pierre Rosenberg, Chardin. La nature silencieuse (éditions Gallimard, collection « Découvertes », 1999).
Publications issues du prix “Résidence d’auteur”
Ouvrages publiés par les lauréats du prix de la Résidence d’auteur depuis sa création en 2008 :
2024
Beata Umubyeyi Mairesse, Le Convoi, Flammarion
2023
Garance Meillon, La langue de l’ennemi, Gallimard
Clément Bénech, Un vrai dépaysement, Flammarion
2022
Emmanuel Ruben, Les Méditerranéennes, éditions Stock
2021
Sophie Divry, Curiosity, Editions Notablia
Violaine Bérot, Comme des bêtes, Editions Buchet-Chastel
2020
Olivier Dhénin, L’Atelier d’Olivier Dhénin, exposition virtuelle [lien vers l’exposition]
Pascale Roze, La Belle Hélène, Editions Stock
2019
Louis-Philippe Dalembert, Mur Méditerranée, éditions Sabine Wespieser, Lauréat du Prix de la langue française 2019
Michaël Ferrier, Scrabble, Mercure de France
Emmanuel Ruben, Sur la route du Danube, éditions Rivages, Lauréat du Prix Nicolas Bouvier 2019
Álvaro de la Rica, Órdago, un paseo por la frontera vasca del Pirineo, Vaso Roto Ediciones, 2019
2018
Olivier Dhénin, Aquis Submersus, éditions Les petites Allées
Patrice Nganang, Empreintes de crabe, éditions JC Lattès
Benjamin Pelletier, Les Années discrètes, éditions Arlea
Sami Tchak, Ainsi parlait mon père, éditions JC Lattès
Kettly Mars, L’Ange du patriarche, éditions Mercure de France
2017
Patrick Autréaux, La voix écrite, éditions Verdier
2016
Mamadou Abdoulaye Ly, Malraux et la poésie, éditions l’Harmattan (coll. Approches Littéraires)
Olivier Bessard-Banquy, La fabrique du livre, éditions des Presses universitaires de Bordeaux & Du Lérot
2015
Rosette, Pas farouche, éditions Grasset
Daniel Grojnowski, Les arts incohérents et le rire dans les arts plastiques, éditions Corti
Marc Pautrel, Ozu, éditions Louise Bottu (édition Poche parue en 2020)
2014
François Jullien, Vivre de paysage ou L’impensé de la Raison, éditions Gallimard
2013
Marie Le Drian, Le corps perdu de Suzanne Thovers, éditions Apogée, collection « Piqué d’étoiles », prix Jean Bernard de l’Académie de Médecine 2014.